Des attaques répétées à un mode de vie

Outre l’épisode des pensionnats, les leaders inuits font souvent référence à d’autres traumatismes majeurs vécus au sein de leurs communautés. Ce fut certainement le cas dans les années 1950 alors que 19 familles inuites d’Inukjuak au Québec et trois familles de Pond Inlet sur l’Île de Baffin furent déplacées à 1 200 kilomètres de leur lieu d’origine dans l’Extrême Arctique. L’objectif du gouvernement fédéral était d’affirmer sa souveraineté sur les territoires arctiques. Amenées par bateau à Resolute Bay et Grise Fiord, ces familles ont été débarquées dans une région inconnue où elles durent affronter des conditions de survie extrêmes. Ce cas flagrant de déportation s’est déroulé dans le plus grand secret. Le public québécois et canadien est demeuré complètement ignorant de cette situation pendant des décennies. En 2010, le gouvernement du Canada a d’ailleurs présenté officiellement ses excuses aux Inuits pour les souffrances, les pertes et les préjudices subis à l’occasion de ces déplacements arbitraires.

Par ailleurs, les fondements de la culture des Inuits ont été durement affectés, au milieu des années 1950 et jusqu’à la fin des années 1960, par l’abattage massif des chiens de traineau, une attaque directe à la vie nomade.

Enfants inuits.

Credit photo: Aubrey Kyte, Roxboro, Qué., coll. Pierre Lepage

À la demande de la Société Makivik qui représente les Inuits du Nunavik, le gouvernement du Québec a constitué un comité indépendant pour l’analyse de ce dossier particulièrement sensible et litigieux. Le mandat fut confié à M. Jean-Jacques Croteau, juge retraité de la Cour supérieure du Québec, ce qui a donné lieu au dépôt d’un rapport (Croteau, 2010) à la suite duquel le Québec et les représentants des Inuits ont conclu une entente de compensation le 8 août 2011. Québec y a reconnu sa responsabilité et l’effet préjudiciable qu’ont eu ces événements historiques relatifs à l’abattage des chiens sur la société inuite et sur son mode de vie.

Des décisions unilatérales

Ces propos du leader inuit Zebedee Nungak, tenus au cours des conférences constitutionnelles sur les droits des peuples autochtones, à Ottawa dans les années 1980, illustrent de façon très imagée la succession des décisions unilatérales ayant eu des incidences majeures sur l’avenir de son peuple, dont la Loi sur l’extension des frontières de Québec de 1912.

Des chiens de traîneau essentiels à la survie des inuits

L’hiver, les chiens nous transportaient vers de lointains territoires de chasse. Ils pouvaient aussi nous fournir des peaux pour fabriquer des vêtements. L’été, ils nous permettaient de transporter nos provisions. En hiver, les chiens sentent les animaux de très loin et dépistent les trous d’aération des phoques sur la banquise. De plus, par mauvais temps, nos chiens nous ramenaient au camp en toute sécurité

Qumaq, Taamusi, 1992

Attelages de chiens de traineau, Baie-aux-Feuilles (Tasiujak ) 1976

Credit photo: Cartes postales, photographe inconnu, coll. Pierre Lepage

Attelages de chiens de traineau, Baie-aux-Feuilles (Tasiujak ) 1976

Credit photo: Cartes postales, photographe inconnu, coll. Pierre Lepage

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