La situation particulière des Inuits

Le caractère distinct des Inuits mérite d’être souligné. Les premiers contacts des Inuits avec les explorateurs européens, les baleiniers et les commerçants remontent très loin dans l’histoi­re. Cependant ces re­lations sont demeurées épisodiques. Avant leur sédentarisation, dans la seconde moitié du XXe siècle, les Inuits du Nunavik tiraient leur subsistance principalement de la chasse aux mammifères marins, de la chasse au caribou et du piégeage des animaux à fourrure, principalement le renard arctique. Alors qu’au sud le commerce des fourrures avec les Premières Nations a joué un rôle de premier plan dès les débuts de la colonisation française, les commerçants de fourrures s’installent au Nord de façon permanente beaucoup plus tardivement.

Janvier 1957, un couple inuit venu échanger des peaux de renard contre des denrées de consommation courante au poste de la Compagnie de la Baie-d’Hudson de Port Harrison (aujourd’hui Inukjuak) situé sur les rives de la Baie-d’Hudson.

Credit photo: The Milwaukee Journal, coll. Pierre Lepage

Anciennement, le Nord du Québec faisait partie de la Terre de Rupert, un immense territoire qui avait été concédé à la Compagnie de la Baie-d’Hudson, en 1670, par le roi d’Angleterre. Ce territoire fut transféré au Canada en 1870. Toutefois, ce n’est qu’à partir de 1930 que le gouvernement du Canada met en place des programmes à l’intention des Inuits qui se retrouvaient à l’époque dans une situation difficile. L’effondrement du prix des fourrures et la famine sévissaient.

Le territoire actuel du Nunavik (l’ancien district de l’Ungava qui faisait partie des Territoires du Nord-Ouest) a été intégré au territoire du Québec en 1912. Ce transfert a été fait en vertu d’une loi qui prévoyait certaines conditions dont l’obligation pour le Québec de reconnaître « les droits des habitants sauvages » sur ce territoire. Le Québec était tenu de chercher un règlement relatif à l’extinction de ces droits selon une procédure identique à celle habituellement exercée par le gouvernement du Canada (soit par traité ou compen­sations financières). (2 George V. Chap.45 : 1912) Ces conditions explicites n’avaient jamais été honorées. Cette faille a servi d’argument majeur dans les années 1970 dans le cadre de l’opposition des représentants des Inuits et de la nation crie au vaste projet de développement hydroélectrique de la Baie-James. Le projet avait été annoncé sans consultation et au plus grand mépris de l’existence des Premiers peuples et de leurs droits.

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