L’autonomie gouvernementale, une solution de rechange à la tutelle

Pour garder son identité, une seule possibilité s’offrait à l’Indien : la tutelle gouvernementale. La seule autre possibilité était l’assimilation par la demande d’émancipation. Cette disposition rétrograde de la loi, qui infantilisait les Premières Nations, a été abolie en 1985, tout comme la disposition discriminatoire en raison du sexe, qui faisait perdre leur statut d’Indiennes aux femmes mariant des non-Indiens.

Les discussions actuelles sur la création de gouvernements autochtones représentent une nouvelle voie pour eux, l’espoir de pouvoir survivre comme collectivités, et de se développer et s’épanouir. En fait, c’est la possibilité, enfin, d’être maître de son destin, la voie de la dignité collective. Cette nouvelle voie est d’autant plus justifiée que les Autochtones du Canada se sont vus reconnaître un statut de peuples dans la nouvelle constitution canadienne. De son côté, même si elle ne reconnaît pas l’entente constitutionnelle de 1982, l’Assemblée nationale du Québec a adopté une résolution en 1985, selon laquelle les Autochtones forment des nations et qu’à ce titre des ententes d’autonomie gouvernementale doivent être conclues. Désormais, non seulement les politiques d’assimilation n’ont-elles plus leur raison d’être, mais elles sont interdites.

Malgré la persistance de la tutelle fédérale, nous sommes heureusement bien loin de l’époque où les agents des Affaires indiennes agissaient comme « rois et maîtres » dans les réserves. Des pas importants vers l’autonomie et l’autogestion ont été franchis. Au début des années 1970, la Fraternité nationale des Indiens du Canada choisit le domaine de l’éducation comme fer de lance du mouvement de « prise en charge » et publie alors La maîtrise indienne de l’éducation indienne. (Fraternité, 1972) Aujourd’hui, l’éducation primaire et secondaire est presque entièrement gérée par les conseils de bande. Même chose dans les domaines de la santé et des services sociaux, dans les domaines du loisir, de l’habitation, de la sécurité publique et du développement économique, où des ententes d’autonomie ont été con­clues. Depuis la signature de la Convention de la Baie-James et du Nord québécois et de la Convention du Nord-Est québécois, les Cris et les Naskapis ne sont plus régis par la Loi sur les Indiens. Ils sont désormais régis par la Loi sur les Cris et les Naskapis qui leur confère beaucoup plus d’autonomie.

Un groupe d’aspirants policiers autochtones lors de la cérémonie de remise des diplômes, en juin 2000, à l’Institut de police du Québec.

Credit photo: Pierre Lepage

L’autonomie en matière d’éducation

Le régime des pensionnats indiens a pris fin en 1969. Au milieu des années 1970, le ministère des Affaires indiennes et du Nord Canada assurait l’administration d’une trentaine d’écoles primaires dans les communautés autochtones. Les élèves du secondaire et du post-secondaire devaient s’inscrire dans le réseau public québécois et le fédéral concluait des ententes de financement avec les institutions concernées (MEQ, 1998 : 5).

Autobus d’écoliers à Kangiqsualujjuaq, au Nunavik.

Credit photo: Tourisme Québec, Heiko Wittenborn

En l’espace de 20 ans, le réseau des écoles en milieu autochtone s’est radicalement transformé, d’abord grâce au mouvement de prise en charge lancé en 1972, par la Fraternité nationale des Indiens du Canada. En 1973, le ministère des Affaires indiennes et du Nord Canada entérine cette démarche et s’engage dans cette voie. Au Québec, la signature en 1975 de la Convention de la Baie-James et du Nord québécois et celle, en 1978, de la Convention du Nord-Est québécois mènent à la création de deux Commissions scolaires, une pour les Cris et l’autre pour les Inuits. Les Naskapis, de leur côté, voient à l’administration de leur école au sein de la Commission scolaire Central-Québec. Ainsi, en 1997-1998, neuf établissements scolaires sont administrés par la Commission scolaire crie, quatorze par la Commission scolaire Kativik et un par les Naskapis. Le financement vient des deux paliers de gouvernement. Ailleurs, les écoles fédérales ont été tour à tour prises en charge par les communautés des Premières Nations et le financement est entièrement assuré par les Affaires indiennes. En 1985, des communautés se regroupent au sein du Conseil en éducation des premières nations (CEPN) qui dispense certains services aux communautés membres. Du côté des communautés innues, à l’exception de Mashteuiatsh, le mandat de l’éducation est confié à l’Institut Tshakapesh.

Le nombre d’écoles, en milieu autochtone, a doublé en vingt ans. « Ainsi, la presque totalité des Autochtones ont maintenant accès à des écoles primaires et secondaires dans leur communauté. » (ibid : 7). Toutefois, malgré ces progrès indéniables, le taux de décrochage et les retards scolaires demeurent particulièrement préoccupants.

Écoles des réserves et des villages autochtones du Québec de 1977 à 1997

Année Écoles fédérales Écoles autochtones Total
1977 – 1978 29 29
1987 – 1988 9 37 46
1997 – 1998 1 61 62

(Source : Ministère de l’Éducation, 1998 : Bulletin statistique de l’Éducation. Un portrait statistique de l’évolution de la situation scolaire de la population autochtone du Québec. Données tirées du tableau 4, p. 5)

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