Pour garder son identité, une seule possibilité s’offrait à l’Indien
Dans le cadre de la Loi sur les Indiens, le concept révèle une réalité bien distinctive puisqu’il concerne autant des individus que des communautés entières. Comme le souligne Me Renée Dupuis, auteure d’un ouvrage sur la question indienne au Canada (Dupuis, 1991) « Révisée en 1951, la loi fédérale constitue un véritable régime de tutelle des Indiens (tant individuellement que collectivement) et des terres qui leur sont réservés. En fait, les Indiens ont un statut équivalent à celui d’un enfant mineur, puisqu’ils sont soumis au contrôle du gouvernement qui a l’autorité de décider pour eux. Il s’agit d’un encadrement de tous les aspects de la vie des individus et des communautés : de la naissance à la mort d’un indien, de la création d’une bande à la cession d’une réserve… ».
Notons que plusieurs Premières Nations au Canada, dont les nations crie et naskapie au Québec, ne sont plus soumises à la Loi sur les Indiens.
Ainsi une personne dira : Je suis de la Première nation naskapie de Kawawachikamach, ou je suis de la Première nation Atikamekw de Manawan ou Première nation Mohawk d’Akwesasne etc. marquant ainsi à la fois sa nation d’appartenance et son lieu d’origine ou de résidence.
Les discussions actuelles sur la création de gouvernements autochtones
Au Québec, on reconnaît l’existence de 11 nations autochtones : Abénaquis (Waban-Aki), Algonquins (Anishnabeg), Atikamekw Nehirowisiwok, Cris (Eeyou), Hurons-Wendat, Inuit, Malécites (Wolastoqiyik), Mi’gmaq (Micmacs), Mohawks (Kanien’kehá:ka), Innus (Montagnais) et Naskapis. Dans tout le Canada, on parle de près d’une soixantaine de nations autochtones.
Malgré la persistance de la tutelle fédérale, nous sommes heureusement bien loin de l’époque où les agents des Affaires indiennes agissaient comme « rois et maîtres » dans les réserves. Des pas importants vers l’autonomie et l’autogestion ont été franchis. Au début des années 1970, la Fraternité nationale des Indiens du Canada choisit le domaine de l’éducation comme fer de lance du mouvement de « prise en charge » et publie alors La maîtrise indienne de l’éducation indienne. (Fraternité, 1972) Aujourd’hui, l’éducation primaire et secondaire est presque entièrement gérée par les conseils de bande. Même chose dans les domaines de la santé et des services sociaux, dans les domaines du loisir, de l’habitation, de la sécurité publique et du développement économique, où des ententes d’autonomie ont été conclues. Depuis la signature de la Convention de la Baie-James et du Nord québécois et de la Convention du Nord-Est québécois, les Cris et les Naskapis ne sont plus régis par la Loi sur les Indiens. Ils sont désormais régis par la Loi sur les Cris et les Naskapis qui leur confère beaucoup plus d’autonomie.
L’autonomie en matière d’éducation
Le régime des pensionnats indiens a pris fin en 1969. Au milieu des années 1970, le ministère des Affaires indiennes et du Nord Canada assurait l’administration d’une trentaine d’écoles primaires dans les communautés
En l’espace de 20 ans, le réseau des écoles en milieu autochtone s’est radicalement transformé, d’abord grâce au mouvement de prise en charge lancé en 1972, par la Fraternité nationale des Indiens du Canada. En 1973, le ministère des Affaires indiennes et du Nord Canada entérine cette démarche et s’engage dans cette voie. Au Québec, la signature en 1975 de la Convention de la Baie-James et du Nord québécois et celle, en 1978, de la Convention du Nord-Est québécois mènent à la création de deux Commissions scolaires, une pour les Cris et l’autre pour les Inuits. Les Naskapis, de leur côté, voient à l’administration de leur école au sein de la Commission scolaire Central-Québec. Ainsi, en 1997-1998, neuf établissements scolaires sont administrés par la Commission scolaire crie, quatorze par la Commission scolaire Kativik
Le nombre d’écoles, en milieu autochtone, a doublé en vingt ans. « Ainsi, la presque totalité des Autochtones ont maintenant accès à des écoles primaires et secondaires dans leur communauté. » (ibid : 7). Toutefois, malgré ces progrès indéniables, le taux de décrochage et les retards scolaires demeurent particulièrement préoccupants.
Écoles des réserves et des villages autochtones du Québec de 1977 à 1997
Année | Écoles fédérales | Écoles autochtones | Total |
---|---|---|---|
1977 – 1978 | 29 | — | 29 |
1987 – 1988 | 9 | 37 | 46 |
1997 – 1998 | 1 | 61 | 62 |