Quelques rappels historiques nous permettent de mesurer tout le paternalisme de la Loi sur les Indiens
Les communautés
Ainsi une personne dira : Je suis de la Première nation naskapie de Kawawachikamach, ou je suis de la Première nation Atikamekw de Manawan ou Première nation Mohawk d’Akwesasne etc. marquant ainsi à la fois sa nation d’appartenance et son lieu d’origine ou de résidence.
D’autre part, nous l’avons vu, la Loi avait pour objectif ultime l’affranchissement
Au Québec, on reconnaît l’existence de 11 nations autochtones : Abénaquis (Waban-Aki), Algonquins (Anishnabeg), Atikamekw Nehirowisiwok, Cris (Eeyou), Hurons-Wendat, Inuit, Malécites (Wolastoqiyik), Mi’gmaq (Micmacs), Mohawks (Kanien’kehá:ka), Innus (Montagnais) et Naskapis. Dans tout le Canada, on parle de près d’une soixantaine de nations autochtones.
Les fondements de la politique d’assimilation
La politique d’assimilation
assimilationse fondait sur quatre a priori déshumanisants (et incorrects) au sujet des Autochtones et de leurs cultures :L’assimilation est une action qui vise à rendre semblable. L’assimilation des membres d’un groupe peut être forcée si elle est soutenue par une politique d’assimilation. Dans le cas des peuples autochtones au Canada, on parle ici d’une politique visant à éliminer certains groupes de façon planifiée en les forçant à adopter la culture ou le mode de vie d’un autre peuple. Mais le processus d’assimilation peut aussi s’imposer de lui-même par les simples pressions exercées par le milieu majoritaire.
- C’étaient des peuples inférieurs.
- Ils étaient incapables de se gouverner et les autorités coloniales étaient les mieux placées pour savoir comment protéger leurs intérêts et leur bien-être.
- La relation spéciale fondée sur le respect et le partage que consacraient les traités
traitésétait une anomalie historique qui n’avait plus sa raison d’être.Façon très ancienne, mais aussi très moderne d’établir des relations pacifiques entre peuples et nations.
Au Canada, dans les relations avec les peuples autochtones, il existe deux types de traités : ceux dits de paix et d’amitié et ceux dits territoriaux, c’est-à-dire ceux touchant plus spécifiquement les terres et les titres fonciers.
Dans l’esprit du gouvernement, les traités territoriaux avaient pour objectif d’éliminer tout obstacle à la colonisation et d’inciter les membres des Premières Nations à abandonner leurs terres, leurs modes de vie et à s’assimiler.- Les idées européennes de progrès et de développement étaient de toute évidence correctes et pouvaient être imposées aux Autochtones sans tenir compte des autres valeurs, opinions ou droits qui pouvaient être les leurs.
Certaines dispositions prévoyant la perte du statut avaient quelque chose de choquant. En 1880 par exemple, un amendement à la loi décrétait que tout Indien qui obtenait un diplôme universitaire serait automatiquement affranchi. Il n’était donc plus un Indien, ni lui, ni sa famille, ni ses descendants. Un amendement de 1933 ira encore plus loin. Il donnait en effet le pouvoir au gouverneur en conseil d’émanciper un Indien sans son consentement, sur simple recommandation du surintendant général des Affaires indiennes. L’émancipation obligatoire, quoique peu utilisée, est demeurée dans la loi jusqu’en 1951, malgré les protestations des premiers intéressés.
Comment ne plus être un indien – L’émancipation de 1955 à 1975
Période | Émancipation volontaire (Indiens adultes émancipés sur leur demande, avec leurs enfants mineurs non-mariés) |
Émancipation involontaire (Indiennes émancipées à la suite de leur mariage avec des non-Indiens, avec leurs enfants non-mariés) |
Nombre total (Indiens émancipés) |
||
---|---|---|---|---|---|
Adultes | Enfants | Femmes | Enfants | ||
1965-1975 | 1,313 | 963 | 4,274 | 1,175 | 7,725 |
1965-1975 | 263 | 127 | 4,263 | 772 | 5,425 |
Total partiel | 1,576 | 1,090 | 8,537 | 1,947 | |
Total | 2,666 | 10,484 | 13,150 |
(Source : Hawthorn et Tremblay 1966, I : 292 ; Canada, 180 : 104)
Total des émancipations de 1876 à 1974
Période | Total |
---|---|
De 1876 à 1918 | 102 |
De 1918 à 1948 | 4 000 |
Années financières 1948 à 1968 | 13 670 |
Année financière 1968 – 1969 | 785 |
Année financière 1969 – 1970 | 714 |
Année financière 1970 – 1971 | 652 |
Année financière 1971 – 1972 | 304 |
Année financière 1972 – 1973 | 7 |
Année financière 1973 – 1974 | 460 |
Total | 20 694 |
(Source : Jamieson, 1978 : 73)
En 1923, une femme mohawk expulsée de sa communauté
Le 15 avril 1923, parce qu’elle s’était mariée à un Blanc vingt-cinq années plus tôt, une mère mohawk de Caughnawaga (aujourd’hui Kahnawake) était expulsée de sa communauté d’origine. Sans le sou et ne parlant ni le français ni l’anglais, madame Joseph Boyer dut se réfugier à Montréal avec ses quatre enfants. Les commentaires accompagnant cette photo d’archives indiquent qu’elle serait le premier cas d’une femme indienne mariée à un non-indien qui fut expulsée d’une réserve par le gouvernement fédéral.
On enlève aux parents indiens la responsabilité de l’éducation de leurs enfants
Les récents amendements donnent le contrôle aux Affaires indiennes et retirent aux parents indiens la responsabilité du soin et de l’éducation de leurs enfants, et les meilleurs intérêts des enfants indiens sont promus et pleinement protégés.
La volonté d’assimilation était loin d’être un objectif caché. Lors des débats de 1920 à la Chambre des communes, sur l’opportunité de décréter l’affranchissement obligatoire, le grand artisan de la procédure, Ducan Campbell Scott, s’exprimait sans détour :
Notre objectif est de poursuivre le travail jusqu’à ce qu’il n’y ait plus un seul Indien au Canada qui n’ait pas été absorbé dans le corps politique et jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de question indienne ni de département des Affaires des Sauvages, tel est l’objectif principal de ce projet de loi.
Selon les époques, les lois relatives aux indiens étaient coiffées d’un titre évocateur
Année | Titre de la loi |
---|---|
1857 | Acte pour encourager la civilisation graduelle des tribus sauvages en cette Province, et pour amender les lois relatives aux Sauvages. |
1859 | Acte concernant la civilisation et l’émancipation des Sauvages. |
1884 | Acte à l’effet de conférer certains privilèges aux bandes les plus éclairées du Canada, dans le but de les habituer à l’exercice des pouvoirs municipaux ou Acte de l’Avancement des Sauvages. |
1927 | Loi concernant les Indiens. |