L’idée que les Autochtones
Au Québec, on reconnaît l’existence de 11 nations autochtones : Abénaquis (Waban-Aki), Algonquins (Anishnabeg), Atikamekw Nehirowisiwok, Cris (Eeyou), Hurons-Wendat, Inuit, Malécites (Wolastoqiyik), Mi’gmaq (Micmacs), Mohawks (Kanien’kehá:ka), Innus (Montagnais) et Naskapis. Dans tout le Canada, on parle de près d’une soixantaine de nations autochtones.
Ainsi une personne dira : Je suis de la Première nation naskapie de Kawawachikamach, ou je suis de la Première nation Atikamekw de Manawan ou Première nation Mohawk d’Akwesasne etc. marquant ainsi à la fois sa nation d’appartenance et son lieu d’origine ou de résidence.
On aurait bien voulu faire des membres des Premières Nations
Ce qui a modelé les relations entre Français et Autochtones, c’est avant tout le commerce, la traite des fourrures. Cette activité exigeait la collaboration et le bon voisinage avec les trappeurs et commerçants autochtones. Ce n’est pas en dominant et en soumettant ces collectivités que ce commerce pouvait être assuré. Il n’y avait qu’une façon de faire : se lier d’amitié et maintenir de bonnes relations. Plutôt que par la conquête et par la force, c’est en favorisant des alliances commerciales et militaires, en concluant de nombreux traités
Au Canada, dans les relations avec les peuples autochtones, il existe deux types de traités : ceux dits de paix et d’amitié et ceux dits territoriaux, c’est-à-dire ceux touchant plus spécifiquement les terres et les titres fonciers.
Dans l’esprit du gouvernement, les traités territoriaux avaient pour objectif d’éliminer tout obstacle à la colonisation et d’inciter les membres des Premières Nations à abandonner leurs terres, leurs modes de vie et à s’assimiler.
Coopération plutôt que domination
Le commerce des fourrures se différencie des autres systèmes d’exploitation coloniale. Contrairement à l’agriculture et à l’industrie qui nécessitent un bouleversement de l’environnement, la propriété du sol, la servitude, la fourrure exige le maintien du milieu et la coopération des populations locales. Cette collaboration tranche quelque peu avec l’idéologie coloniale en cours où priment les rapports de domination. À nul autre moment de l’histoire américaine, l’Européen ne fut aussi proche de l’environnement et de l’Indien
Indien. De cette osmose forcée va naître un personnage original, écartelé entre deux cultures : le commis, le coureur de bois, le trappeur, « les hommes de la fourrure » ne peuvent assurer le contrôle de la production sans entretenir des relations amicales avec les Indiens, relations d’autant plus étroites qu’ils doivent affronter un milieu naturel inconnu.Le mot Indien est toujours utilisé juridiquement pour désigner les personnes ayant un statut d’Indien dans le cadre de la Loi sur les Indiens, toujours en vigueur au Canada. Il s’agit cependant d’un terme désuet qu’il y a lieu de remplacer par Première Nation ou membre d’une Première Nation.
Il faut bien admettre que le fait de conclure de telles alliances et traités impliquait, sur le plan politique du moins, que l’on reconnaissait ces peuples comme des interlocuteurs égaux qui étaient maîtres des lieux. Sur les terres nouvellement « découvertes » par les Européens, les Autochtones exerçaient, de fait, une souveraineté. Et pour alimenter l’industrie de la fourrure, il fallait que les membres des Premières Nations puissent rester libres d’utiliser leurs propres territoires. Cela allait de soi.
C’est donc avec des « alliés » plutôt qu’avec des « sujets du roi » qu’il a fallu composer. Sous le Régime français
En 1760, ce sont donc les Français qui ont été conquis. Les Français et leurs descendants devaient-ils pour autant être tenus de s’intégrer et de s’assimiler aux Anglais? L’histoire nous a démontré qu’il en a été tout autrement. Les Français ont pu conserver leurs coutumes, leur tradition religieuse et, ultérieurement, leurs institutions propres ainsi que leur tradition juridique issue du Code civil français. S’il en fut ainsi, pourquoi les Autochtones, qui n’ont pas été conquis par la guerre, devraient-ils être tenus de s’assimiler?
Des alliés plutôt que des sujets du roi
On laisse entendre qu’ « à la conquête, les Indiens, sujets du roi de France, devinrent sujets du roi d’Angleterre ». L’Acte de capitulation de Montréal énonce pourtant que « les Indiens alliés de Sa Majesté très Chrétienne seront maintenus dans les terres qu’ils habitent, s’ils veulent y rester ». D’ailleurs, l’histoire nous démontre que, de Champlain à Vaudreuil, l’autorité française en Amérique ne tenta jamais d’assujettir les Amérindiens contre leur gré, puisque se les aliéner eut signifié, pour les Français, la fin de leur lucratif commerce de fourrures dont les Amérindiens constituaient un des rouages les plus importants.