Les autochtones vivant en milieu urbain

Un nombre de plus en plus grand de personnes d’origine autochtone vivent en milieu urbain. Certaines, par choix, en ont fait leur milieu de vie et elles n’en sont pas moins des personnes autochtones conscientes et fières de leur identité. D’autres sont attirées par les villes pour diverses raisons mais souvent parce qu’il n’y a pas d’opportunités d’emploi ou de logements disponibles dans leurs communautés. D’ailleurs, tel qu’illustré dans le tableau à la page suivante, chez certaines nations, une proportion importante de personnes vivent à l’extérieur de leur communauté d’origine et cette proportion est en nette croissance au sein de toutes les nations à l’exception des Inuits. Pour l’ensemble des nations, entre 2007 et 2017, le pourcentage de non-résidents a subi une augmentation de 25,3 % à 33,1 %.

Proportion des indiens inscrits et des inuits selon la résidence

Nation Population Résidents Non-résidents
Abénaquis 2 091 18,0 % 82,0 %
Algonquins 9 645 57,8 % 42,2 %
Atikamekw 6 321 84,3 % 15,7 %
Cris 16 151 89,3 % 10,7 %
Hurons-Wendats 3 006 43,6 % 56,4 %
Malécites 786 0,0 % 100,0 %
Micmacs 5 104 49,8 % 50,2 %
Mohawks 16 727 82,7 % 17,3 %
Montagnais 16 199 70,6 % 29,4 %
Naskapis 673 93,2 % 6,8 %
Inuits 10 464 92,8 % 7,2 %
Total 87 251 74,7 % 25,3 %

(Source : Canada, Affaires indiennes et du Nord, 2007 : Populations indienne et inuite au Québec.)

Dans un texte consacré à l’urbanisation des Autochtones au Québec, Carole Levesque, professeure à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) et Édith Cloutier, directrice du Centre d’amitié autochtone de Val-d’Or, donnent la mesure de l’ampleur du phénomène et des réalités nouvelles qui l’accompagne :

Une cinquantaine de villes comptent de nos jours une population autochtone relativement nombreuse, parmi lesquelles on retrouve de grands centres et des pôles régionaux, dont Montréal, Québec, Trois-Rivières, Gatineau, Baie-Comeau, Val-d’Or et Saguenay. Seize fois plus nombreuse en 2008 qu’elle ne l’était en 1980, cette population s’est accrue en moyenne de 70 % entre 2001 et 2006 et représente plus de 60 % de la population autochtone totale de la province. Dans une ville comme Val-d’Or, la population autochtone a augmenté de 270 % entre 1996 et 2006 (Statistique Canada, 2008). C’est une population diversifiée puisqu’elle se compose de personnes issues des Premières Nations, du peuple inuit et du groupe métis. Tous groupes confondus, il est possible d’estimer qu’en 2010 au moins 80 000 personnes autochtones résident, de manière temporaire ou permanente, dans les villes et villages du Québec; quelque 70 % se retrouveraient en région alors que Montréal et Québec accueilleraient 30 % d’entre elles.

Lévesque et Cloutier, 2013 : 281

Les auteurs distinguent quatre modes de migration ou de circulation chez les personnes qui quittent les communautés autochtones vers les villes et villages du Québec : les « déplacements occasionnels ou transitoires » qui sont la réalité de la majorité des personnes autochtones, les déplacements découlant de « situation de violence ou des conditions de vie difficile », les déplacements involontaires découlant par exemple de placements d’enfants vers des communautés non-autochtones ou le départ de personnes trouvées coupables de délit et incarcérées à l’extérieur de leurs com­munautés et enfin, le dernier groupe composé de personnes qui quittent délibérément leur milieu d’origine. (ibid :283-286).

Kim Kangatookalook, photographiée ici en compagnie de sa fille Mila, a grandi à Lachine dans la grande région de Montréal. Cette jeune maman est née d’un père inuit originaire du village de Kuujjuarapik au Nunavik, et d’une mère innue originaire de Pessamit sur la Côte-Nord. Elle travaille actuellement au Centre administratif de la Commission scolaire Kativik dont les bureaux sont situés dans l’arrondissement Saint-Laurent de la Ville de Montréal. Dans le cadre de ses fonctions, elle se consacre au développement des bibliothèques des écoles de la commission scolaire, ce qui lui permet un contact constant avec les communautés inuites.

Credit photo: Pierre Lepage

En outre, plusieurs organismes autochtones se sont établis en milieu urbain et offrent des opportunités d’emplois intéressants. C’est le cas, par exemple, du Conseil de la nation atikamekw – Atikamekw Sipi qui maintient un important centre de services à La Tuque. Les bureaux de Femmes autochtones du Québec sont établis depuis plusieurs années à Kahnawake, de même que le siège social de la Commission des ressources humaines des Premières Nations du Québec qui a déployé également des points de services dans plusieurs centres urbains régionaux. La Maison Waseskun, un centre résidentiel pour des autochtones aux prises avec la justice, le Réseau pour la stratégie urbaine de la communauté autochtone de Montréal, le Grand conseil des Cris, la Commission scolaire crie, la Société Makivik, la Commission scolaire Kativik, la Fédération des coopératives du Nouveau-Québec, l’Institut culturel Avataq, l’Association des Inuits de Montréal, le Réseau de télévision des Peuples autochtones (APTN) et plusieurs autres ont pignon sur rue à Montréal même ou en périphérie.

De nombreux organismes autochtones sont établis dans la région de Québec, principalement à Wendake où l’on retrouve les bureaux du Secrétariat de l’Assemblée des Premières nations du Québec et du Labrador, ceux du Conseil en éducation des Premières Nations, de l’Association d’affaire des premiers peuples, de Tourisme autochtone Québec et de la Société de communication atikamekw-montagnaise pour n’en nommer que quelques uns. Le siège social des Services parajudiciaires autochtones du Québec, un service d’aide aux Autochtones aux prises avec le système judiciaire criminel et pénal, est situé également à Wendake tout en maintenant des points de services dans la plupart des régions du Québec.

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