Un nombre de plus en plus grand de personnes d’origine autochtone vivent en milieu urbain. Certaines, par choix, en ont fait leur milieu de vie et elles n’en sont pas moins des personnes autochtones
Au Québec, on reconnaît l’existence de 11 nations autochtones : Abénaquis (Waban-Aki), Algonquins (Anishnabeg), Atikamekw Nehirowisiwok, Cris (Eeyou), Hurons-Wendat, Inuit, Malécites (Wolastoqiyik), Mi’gmaq (Micmacs), Mohawks (Kanien’kehá:ka), Innus (Montagnais) et Naskapis. Dans tout le Canada, on parle de près d’une soixantaine de nations autochtones.
Proportion des indiens inscrits et des inuits selon la résidence
Nation | Population | Résidents | Non-résidents |
---|---|---|---|
Abénaquis | 2 091 | 18,0 % | 82,0 % |
Algonquins | 9 645 | 57,8 % | 42,2 % |
Atikamekw | 6 321 | 84,3 % | 15,7 % |
Cris | 16 151 | 89,3 % | 10,7 % |
Hurons-Wendats | 3 006 | 43,6 % | 56,4 % |
Malécites | 786 | 0,0 % | 100,0 % |
Micmacs | 5 104 | 49,8 % | 50,2 % |
Mohawks | 16 727 | 82,7 % | 17,3 % |
Montagnais | 16 199 | 70,6 % | 29,4 % |
Naskapis | 673 | 93,2 % | 6,8 % |
Inuits | 10 464 | 92,8 % | 7,2 % |
Total | 87 251 | 74,7 % | 25,3 % |
(Source : Canada, Affaires indiennes et du Nord, 2007 : Populations indienne et inuite au Québec.)
Dans un texte consacré à l’urbanisation des Autochtones au Québec, Carole Levesque, professeure à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) et Édith Cloutier, directrice du Centre d’amitié autochtone de Val-d’Or, donnent la mesure de l’ampleur du phénomène et des réalités nouvelles qui l’accompagne :
Une cinquantaine de villes comptent de nos jours une population autochtone relativement nombreuse, parmi lesquelles on retrouve de grands centres et des pôles régionaux, dont Montréal, Québec, Trois-Rivières, Gatineau, Baie-Comeau, Val-d’Or et Saguenay. Seize fois plus nombreuse en 2008 qu’elle ne l’était en 1980, cette population s’est accrue en moyenne de 70 % entre 2001 et 2006 et représente plus de 60 % de la population autochtone totale de la province. Dans une ville comme Val-d’Or, la population autochtone a augmenté de 270 % entre 1996 et 2006 (Statistique Canada, 2008). C’est une population diversifiée puisqu’elle se compose de personnes issues des Premières Nations
Premières Nations, du peuple inuit et du groupe métisTerme dont l’usage s’est répandu dans les années 1970 en remplacement du mot « Indien », que certains jugeaient choquant. Il désigne notamment les Indiens inscrits, non-inscrits et assujettis aux traités. Certaines communautés ont remplacé le mot « bande », dans le nom de leur collectivité, par « Première Nation » afin de mieux marquer la distinction entre leurs langues, leurs cultures, leurs patrimoines et leurs systèmes de connaissances. Bien que largement employé, ce terme n’a pas de définition légale.
Ainsi une personne dira : Je suis de la Première nation naskapie de Kawawachikamach, ou je suis de la Première nation Atikamekw de Manawan ou Première nation Mohawk d’Akwesasne etc. marquant ainsi à la fois sa nation d’appartenance et son lieu d’origine ou de résidence.métis. Tous groupes confondus, il est possible d’estimer qu’en 2010 au moins 80 000 personnes autochtones résident, de manière temporaire ou permanente, dans les villes et villages du Québec; quelque 70 % se retrouveraient en région alors que Montréal et Québec accueilleraient 30 % d’entre elles.Depuis 1982, la Constitution du Canada reconnait les Métis comme un des trois peuples autochtones au Canada. La Cour suprême du Canada a énoncé en 2003, certains critères essentiels à la reconnaissance de ce statut et des droits qui en découlent : « Le mot « Métis » à l’art. 35 de la Loi constitutionnelle de 1982 ne vise pas toutes les personnes d’ascendance mixte indienne et européenne, mais plutôt les peuples distincts qui, en plus de leur ascendance mixte, possèdent leurs propres coutumes et une identité collective reconnaissables et distinctes de celles de leurs ancêtres indiens et inuits, d’une part, et de leurs ancêtres européens, d’autre part. »
Les auteurs distinguent quatre modes de migration ou de circulation chez les personnes qui quittent les communautés autochtones vers les villes et villages du Québec : les « déplacements occasionnels ou transitoires » qui sont la réalité de la majorité des personnes autochtones, les déplacements découlant de « situation de violence ou des conditions de vie difficile », les déplacements involontaires découlant par exemple de placements d’enfants vers des communautés non-autochtones ou le départ de personnes trouvées coupables de délit et incarcérées à l’extérieur de leurs communautés et enfin, le dernier groupe composé de personnes qui quittent délibérément leur milieu d’origine. (ibid :283-286).
En outre, plusieurs organismes autochtones se sont établis en milieu urbain et offrent des opportunités d’emplois intéressants. C’est le cas, par exemple, du Conseil de la nation atikamekw – Atikamekw Sipi qui maintient un important centre de services à La Tuque. Les bureaux de Femmes autochtones du Québec sont établis depuis plusieurs années à Kahnawake, de même que le siège social de la Commission des ressources humaines des Premières Nations du Québec qui a déployé également des points de services dans plusieurs centres urbains régionaux. La Maison Waseskun, un centre résidentiel pour des autochtones aux prises avec la justice, le Réseau pour la stratégie urbaine de la communauté autochtone de Montréal, le Grand conseil des Cris, la Commission scolaire crie, la Société Makivik, la Commission scolaire Kativik
De nombreux organismes autochtones sont établis dans la région de Québec, principalement à Wendake où l’on retrouve les bureaux du Secrétariat de l’Assemblée des Premières nations du Québec et du Labrador, ceux du Conseil en éducation des Premières Nations, de l’Association d’affaire des premiers peuples, de Tourisme autochtone Québec et de la Société de communication atikamekw-montagnaise pour n’en nommer que quelques uns. Le siège social des Services parajudiciaires autochtones du Québec, un service d’aide aux Autochtones aux prises avec le système judiciaire criminel et pénal, est situé également à Wendake tout en maintenant des points de services dans la plupart des régions du Québec.