Onze nations sous le signe de la diversité

Les Abénaquis (Waban-Aki)
Le peuple au cœur de frêne

Les Waban-Aki vivent aux abords des rivières Saint-François et Bécancour dans la région du Centre-du-Québec, près de Trois-Rivières.

Jean-Paul Nolet, qui a marqué les débuts de la télévision française de Radio-Canada, était un fier Abénaquis originaire d’Odanak. Il a été aussi, en 1975, la première personne issue des Peuples autochtones à être nommée membre de la Commission des droits de la personne du Québec.

Credit photo: CDPDJ

De gauche à droite, Patricia Lachapelle, Raymonde Nolett et Nicole O’Bomsawin lors de leur prestation d’un chant abénaquis au Musée Pointe-à-Callière, à Montréal, à l’occasion de l’événement Solstice des Nations, le 21 juin 2005.

Credit photo: Pierre Lepage

Habitant un milieu semi-urbanisé, les Waban-Aki développent à Odanak des projets à vocation touristique qui préservent leur culture et leurs traditions. Autrefois source de revenus importante, la vannerie demeure aujourd’hui une activité traditionnelle pratiquée et valorisée. Le monde culturel prend beaucoup d’importance au sein de la nation et de nombreux organismes s’emploient à diffuser cette culture. C’est le cas de la troupe de danseurs Aln8bak, de la troupe de chants et tambours Aw8ssiak Akik et du groupe de femmes au tambour Noji Pakoliskwak. En outre, le Musée des Abénakis d’Odanak, fondé en 1962, est la première institution muséale autochtone de l’histoire du Québec. C’est également à Odanak qu’est situé le tout nouveau Collège Kiuna, un établissement post­secondaire qui accueille depuis 2011 des étudiants de toutes les nations autochtones.

Les communautés d’Odanak et de Wôlinak sont régies par un conseil de bande, membre du Grand Conseil de la Nation waban-aki. Les questions concernant la santé publique, la sécurité, l’éducation, l’obtention d’un territoire de chasse et de pêche et l’agrandissement du territoire figurent au premier plan de leurs négociations actuelles.

Les Algonquins (Anishinabeg)
Le peuple des terres

Les 9 communautés anishinabeg (algonquines) sont situées dans les régions de l’Abitibi-Témiscamingue et de l’Outaouais, dans l’ouest du Québec. Les Anishinabeg ont historiquement adapté leurs modes de vie en fonction des vastes espaces boisés et de la profusion de lacs.

Roger Wylde de Pikogan, pose fièrement avec sa mère, Lassie Wylde.

Credit photo: Pierre Lepage

Les activités économiques des Anishinabeg se concentrent autour de l’exploitation forestière, du tourisme, de l’artisanat, de la construction et du transport. Ayant vu le jour en 2005, le Centre culturel de Kitigan Zibi Anishinabeg offre un lieu de partage pour la culture, l’histoire, la langue et les traditions de cette nation.

Le chef autochtone de chaque conseil de bande (nommé « Okima » dans la langue anishinabe, ce qui signifie « personne sage ») ainsi que ses conseillers sont élus par les membres de leurs communautés respectives. Les intérêts des Anishinabeg sont protégés et défendus par deux organismes nationaux : le Conseil tribal de la nation algonquine-anishinabe et le Secrétariat de la nation algonquine.

Les Atikamekw Nehirowisiwok
Le peuple de l’écorce

Les Atikamekw Nehirowisiwok habitent le Nitaskinan, territoire ancestral situé dans les régions de la Haute-Mauricie et de Lanaudière. Plusieurs d’entre eux vivent dans des centres urbains comme La Tuque, Roberval, Senneterre, Trois-Rivières et Joliette. Le territoire des Atikamekw Nehirowisiwok s’avère un lieu propice pour les activités de chasse, de pêche et de cueillette.

Marcheuse atikamekw à l’occasion d’une manifestation à Montréal, en 2008, visant à réclamer du Gouvernement du Canada son appui à la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.

Credit photo: Pierre Lepage

Tournée vers des pratiques de développement durable, cette nation concentre ses activités sur la foresterie. Les femmes participent à la vie économique en fabriquant des paniers d’écorce et plusieurs s’illustrent dans les secteurs de l’enseignement, de la santé, de la politique et de l’administration. Les Atikamekw Nehirowisiwok déploient des efforts considérables pour assurer leur développement économique en créant différents services.

Les 3 communautés sont régies par un conseil de bande qui assure les services à la population. De son côté, le Conseil de la Nation atikamekw poursuit diverses missions, dont la promotion des droits et intérêts de ses membres sur le plan politique, social, économique et culturel.

Les Cris (Eeyou)
Le peuple des chasseurs

Parsemé d’innombrables plans d’eau, le vaste territoire fréquenté par les Eeyou se situe à l’est de la Baie d’Hudson et de la Baie-James. La beauté de ces terres fascine toujours bien des gens et des voyageurs.

Un rite de passage important, la cérémonie des premiers pas chez les Cris.

Credit photo: Claudette Fontaine, coll. MEQ

Les Eeyou ont su préserver leur langue et leur culture. L’intérêt marqué envers leur patrimoine a donné lieu à la création de l’Institut culturel Aanischaaukamikw qui, par ses activités, allie les traditions autochtones à la vie moderne.

Depuis la signature de la Convention de la Baie-James et du Nord québécois en 1975 et de l’adoption de la Loi sur les Cris et les Naskapis du Québec en 1984, les Eeyou évoluent dans un cadre juridique différent de celui des autres nations autochtones. Le gouvernement régional Eeyou Istchee Baie-James leur procure une autonomie, notamment au regard de la gestion du territoire et des ressources naturelles. Le Grand Conseil des Eeyou Istchee les représente auprès des différents gouvernements.

Les Hurons-Wendat
Le peuple du commerce

Établis à Wendake, en périphérie de la ville de Québec, les Hurons-Wendat constituent l’une des Premières Nations les plus urbanisées. Depuis 2010, cette communauté a acquis des terrains pour doubler la superficie de son territoire de réserve dans le Nionwentsïo. Les Hurons-Wendat espèrent ainsi contrer l’exode de plusieurs membres de leur nation.

Membres de la Nation huronne-wendat participant à Québec, en 2008, aux festivités marquant le 400e anniversaire d’un premier établissement français en Amérique du Nord.

Credit photo: Jean-Louis Régis

L’économie de Wendake est florissante dans plusieurs secteurs d’activité et le tourisme constitue un apport économique considérable. L’habileté des Hurons-Wendat pour la fabri­cation d’objets artisanaux et traditionnels comme les mocassins, les canots et les raquettes est reconnue mondialement.

Le conseil de la Nation huronne-wendat est formé d’un Grand Chef et de 8 chefs familiaux élus par la communauté. Le conseil entretient des relations avec tous les paliers de gouvernements, dans l’esprit du traité Huron-Britannique de 1760 reconnu par la Cour suprême du Canada. Ses champs de compétences couvrent plusieurs secteurs comme l’éducation, les services de santé, les loisirs, les territoires et le logement.

Les Inuit
Le peuple du Nord

Les villages inuit sont situés au nord du 55e parallèle dans une région caractérisée par la toundra. Le Nunavik, qui signifie en inuktitut « le territoire où nous vivons », s’étend sur une superficie de plus de 560 000 km2.

Credit photo: Tourisme Québec, Heiko Wittenborn

La culture des Inuit est toujours bien vivante. Elle se traduit notamment par l’utilisation de la langue ancestrale, l’inuktitut. La plupart des villages côtiers ont des activités économiques axées sur la pratique de la pêche, mais aussi le transport aérien et maritime, la protection de la faune ainsi que l’art et l’artisanat.

Les Inuit sont rattachés aux institutions québécoises depuis la signature, en 1975, de la Convention de la Baie-James et du Nord québécois (CBJNQ). Ils ne sont pas régis par la Loi sur les Indiens. Comme les municipalités québécoises, le conseil du village nordique est constitué d’un maire et de ses conseillers élus pour des mandats de deux ans. Porte-parole des Inuit, la Société Makivik veille à la protection de leurs droits liés à la CBJNQ.

Les Malécites (Wolastoqiyik)
Le peuple de la belle rivière

Situées dans la région du Bas-Saint-Laurent, près de Rivière-du-Loup, les réserves de Cacouna et de Whitworth ont la particularité d’être habitées temporairement. En effet, les Wolastoqiyik ne sont pas regroupés en communauté, mais vivent dispersés sur le territoire du Québec. La réserve de Cacouna s’étend sur 0,201 hectare, ce qui en fait la plus petite au Canada.

Pierre Morais et Suzanne Parent de la Nation malécite de Viger photographiés lors de l’événement KWE! À la rencontre des peuples autochtones, édition 2018.

Credit photo: Pierre Lepage

La maison Denis Launière située à Cacouna, au Bas St-Laurent, est le dernier vestige de la présence historique de la Nation malécite dans cette région. Construite vers 1890, elle abrite aujourd’hui le centre d’interprétation des Malécites. Les bureaux du conseil de bande de la nation sont situés tout à côté.

Credit photo: Pierre Lepage

L’industrie de la pêche, les arts, l’artisanat et le tourisme constituent les principales activités économiques. Le territoire de la communauté compte aussi un centre d’interprétation sur l’histoire des Wolastoqiyik ainsi que des sentiers de randonnée et d’interprétation.

Ce n’est qu’en 1989 que l’Assemblée nationale du Québec reconnaît les Wolastoqiyik comme Première Nation. Le conseil de bande formé d’un grand chef et de quatre conseillers siège à Cacouna. L’expérience des aînés est mise à contri­bution, notamment par le Conseil des sages. Ces derniers veillent à ce que le respect des coutumes et des traditions soit maintenu.

Les Mi’gmaq (Micmacs)
Le peuple de la mer

Les Mi’gmaq sont établis dans la péninsule gaspésienne. Cet environnement est baigné à la fois par les eaux de l’estuaire de la baie des Chaleurs et celles du golfe du Saint-Laurent.

Démonstration de fabrication de paniers de frêne par Harry Condo, de Gesgapegiag, lors d’un événement de sensibilisation aux réalités autochtones en 2004, à l’École des Deux-Rivières de Matapédia.

Credit photo: Rencontre Québécois-Autochtones, Pierre Lepage

La pêche, les pourvoiries, la foresterie, la construction, les arts, l’artisanat et le tourisme figurent parmi les secteurs les plus productifs de l’activité économique des Mi’gmaq. En collaboration avec la municipalité de Pointe-à-la-Croix, la communauté de Listuguj a réalisé un projet permettant aux jeunes des deux communautés de participer ensemble à diverses activités interculturelles.

Les Mi’gmaq des 3 communautés sont représentées par le Secrétariat Mi’gmawei Mawiomi qui traite les questions de revendications territoriales et le dossier des consultations. C’est aussi cet organisme qui régit les services communautaires, le corps de police, le service de pompiers volontaires. Pour sa part, le conseil de bande s’assure notamment du bon fonctionnement des services d’aqueduc, d’égout et de déneigement.

Les Mohawks (Kanien’kehá:ka)
Le peuple du silex

Situées au sud-ouest de la région de Montréal, les 3 communautés Kanien’kehá:ka sont reconnues comme urbaines et semi-urbaines. Soulignons que le territoire de la réserve d’Akwesasne chevauche le Québec, l’Ontario et l’État de New York aux États-Unis.

Un sculpteur mohawk de Kahnawake participe en 2017, près du Musée Pointe-à Callière, aux festivités entourant le 375e anniversaire de Montréal.

Credit photo: Pierre Lepage

L’économie des Kanien’kehá:ka est axée sur le transport routier, l’excavation, la construction et ses dérivés comme les structures d’acier, l’agriculture, la foresterie ainsi que l’art et l’artisanat. La communauté de Kahnawake a conclu une entente avec le gouvernement du Québec qui lui octroie la gestion de son hôpital, de son corps de police et de l’enseignement dans ses écoles.

Akwesasne dispose d’un code électoral particulier, régi par le Mohawk Council d’Akwesasne. Les membres de la communauté élisent tous les trois ans, quatre chefs par district pour un total de douze individus. Le grand chef est élu par l’ensemble de la communauté. Kahnawake élit également un grand chef et onze conseillers au suffrage universel pour des mandats de trois ans. À Kanesatake, les mandats sont également de trois ans pour le grand chef et les six conseillers élus au suffrage universel.

Les Innus (Montagnais)
Le peuple au vaste territoire

Réparties sur un vaste territoire, les communautés de cette nation se distinguent les unes des autres. Sept d’entre elles se retrouvent dans la région de la Côte-Nord. Une est située près de Roberval au Lac-Saint-Jean et une autre, aux abords de Schefferville.

Aînés innus de la Basse-Côte-Nord à l’occasion du 30e anniversaire de l’Institut culturel et éducatif montagnais ICEM, aujourd’hui Institut Tshakapesh.

Credit photo: Pierre Lepage

Le développement d’activités économiques structurantes demeure un défi important pour ces communautés. Le principal employeur demeure le conseil de bande. L’économie repose en partie sur les entreprises spécialisées dans la construction, le transport, le piégeage, la foresterie, la pêche ainsi que le commerce artisanal et artistique. À cela s’ajoutent des projets d’exploitation des ressources minières, de développement de l’énergie éolienne et hydroélectrique pour certaines communautés. La majorité des Innus parle encore la langue innue.

Chaque communauté est régie par un conseil de bande constitué d’un chef et de ses conseillers, élus par les membres de la communauté. Les Innus peuvent aussi compter sur deux conseils tribaux qui offrent des services de conseil et de gestion à leurs membres.

Les Naskapis
Le peuple du caribou

L’unique communauté de cette nation est installée dans le village de Kawawachikamach inauguré en 1984 à la suite des accords de la Convention du Nord-Est québécois. Celui-ci se trouve à une quinzaine de kilomètres au nord-est de Schefferville.

Photo vraisemblablement prise à Fort Mackenzie, un lieu régulièrement fréquenté par les Naskapis, vers 1940-1950.

Credit photo: Photographe inconnu. Coll. Pierre Lepage

Aîné naskapi montrant la technique du dépeçage d’un caribou.

Credit photo: Coll. MELS

L’art et l’artisanat, le piégeage, le tourisme, les pourvoiries, la construction et le transport se révèlent les principaux secteurs du développement économique de la nation. Les Naskapis ont conservé de nombreux aspects de leur mode de vie traditionnel comme la chasse, la pêche et le piégeage. La langue naskapi est couramment utilisée dans la communauté.

Adoptée en 1984, la Loi sur les Cris et les Naskapis du Québec a soustrait les Naskapis à la Loi sur les Indiens, leur accordant ainsi une plus grande autonomie administrative. Élus pour un mandat de trois ans, le chef et ses cinq conseillers veillent à la bonne gestion du territoire, de ses ressources naturelles et des finances de la nation tout en veillant aux services communautaires et à la préservation de la culture.

Populations indienne et inuite au Québec – Année 2017

Nation Total
Abénaquis 2,813
Algonquins 11,961
Atikamekw 7,783
Cris 18,710
Hurons-Wendat 4,040
Innus (Montagnais) 20,208
Malécites 1,188
MI’GMAQ 6,307
Mohawks 13,495
Naskapis 773
Liste générale
Indiens inscrits et non associés à une nation
138
Indiens inscrits 87,416
Inuit 12,512
TOTAL GLOBAL 99,928

(Source : Canada, Affaires autochtones et du Nord Canada 2017 : Populations indienne et inuite au Québec, 2017)

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