Travailleurs de l’acier : une longue tradition qui se perpétue
La grande réputation des travailleurs mohawks dans la construction de ponts et de structures en hauteur se confirme encore de nos jours. En 2008 le Consortium Mohawk Bridge de Kahnawake obtenait des gouvernements du Canada et du Québec un important contrat de réfection du Pont Honoré-Mercier, l’un des ponts les plus achalandés d’accès à l’ouest de Montréal. Certains obstacles à la mise en œuvre du contrat ont cependant dû être aplanis. Comme le territoire de la nation
nation
Groupe partageant une même culture, une même histoire et une même langue.
mohawk chevauche la frontière Ontario-Québec et la frontière Canada-USA, l’autorité de la Commission de la construction du Québec (CCQ) qui régit, au Québec, les conditions de travail dans l’industrie de la construction, constituait un irritant majeur tout comme l’application de règles en matière de santé et sécurité sur les chantiers. Puisque la nation mohawk dispose en effet depuis plus de 20 ans de son propre régime en matière santé et sécurité au travail, une entente avec le gouvernement du Québec, survenue en 2011, a reconnu l’autonomie et l’autorité de la nation mohawk dans ce secteur. (Dutrisac, 2011) Cette entente a ainsi permis d’harmoniser les relations dans un secteur d’activités jugé névralgique pour le développement de l’économie des communautés
communautés
Lieu géographique où résident et auquel s’identifient certains membres des Premières Nations et Inuit. Dans le cas des Premières Nations on utilise parfois le terme « réserve » bien que le terme communauté est à privilégier.
mohawks.
Monteur d’acier et de structure pendant près de 30 ans, John Stacey de Kahnawake confirme (entrevue privée) qu’il est récent que les travailleurs de l’acier mohawks ont acquis la possibilité de travailler au Québec. Au cours de sa carrière, monsieur Stacey a travaillé sur de grands chantiers en Amérique du Nord principalement aux États-Unis dans plusieurs États dont le Texas, la Pennsylvanie, le Maine, New-York, le Minnesota, le New-Jersey, le Vermont et le New-Hampshire. Pour lui, ce qui distingue l’habileté des travailleurs Mohawks dans ce secteur à haut risques c’est : « notre capacité de mémoriser, d’être attentif aux directives de travail et au travail à effectuer, une qualité inhérente à notre peuple ».
L’habileté et le savoir-faire mohawk dans l’industrie du montage de l’acier sont aussi à l’honneur depuis une quinzaine d’années lors du Ultimate Ironworkers Festival. L’événement qui se tient en juillet dans la communauté d’Akwesasne, réunit des centaines de personnes et offre des compétitions de grand calibre. Pour John Stacey, c’est un rendez-vous à ne pas manquer et l’occasion de rencontrer ses amis. « On se raconte des histoires » dit-il et avec un brin d’humour : « un peu comme des histoires de pêche, la structure la plus haute, l’anecdote la plus succulente… ». C’est aussi un temps pour célébrer la mémoire de grands travailleurs de l’acier qui ont marqué l’histoire, dont certains y ont laissé leur santé et nombreux y ont perdu la vie.