Des préjugés à dépasser

Les événements d’Oka de l’été 1990 dont nous avons fait état au chapitre précédent, ont joué un rôle déterminant dans la perception d’une majorité de Québécois à l’égard des Premiers peuples. L’idée que les Autochtones seraient des privilégiés et même qu’ils auraient des droits supérieurs aux autres citoyens vivant sur le territoire du Québec fait partie des croyances populaires et du discours quotidien. Cela a d’ailleurs été confirmé par deux sondages d’opinion réalisés en 1992 et en 1994 soit, peu de temps après la crise.

Dans un premier sondage réalisé par le groupe Léger et Léger pour le compte du Journal de Montréal (décembre 1992), 66,5 % des répondants affirmaient que les Autochtones du Québec avaient des droits supérieurs aux autres citoyens. En mars 1994, la firme SOM qui sondait l’opinion des francophones et des anglophones du Québec pour le compte de La Presse et de Radio-Québec, révélait que 52 % des francophones interrogés se disaient d’avis que la qualité de vie dans les réserves était « bien meilleure » ou « un peu meilleure » que celle des Québécois vivant dans le reste du Québec. Plus étonnant encore, seulement 9 % des répondants francophones étaient d’avis que les conditions de vie étaient beaucoup moins bonnes dans les réserves.

Des sondages plus récents marquent cependant une évolution dans les perceptions du public. Dans un sondage Léger Marketing commandé en 2006 par l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL), 55 % des citoyens du Québec jugeaient la situation socio-économique des Autochtones inférieure à celle des Québécois; parmi eux, 19 % la croyaient très inférieure. Par contre, 15 % des Québécois étaient d’avis contraire, jugeant la situation des Autochtones supérieure et 23 % estimaient qu’elle était similaire. (APNQL, 2006 : 6) Les auteurs du rapport indiquaient en particulier que les répondants qui trouvaient les conditions socio-économiques des Autochtones similaires à celles des Québécois étaient significativement plus nombreux parmi les francophones. (idem.)

Un autre sondage, dont les résultats sont également révélateurs, a été réalisé en octobre 2016 par l’Institut Angus Reid en collaboration avec CBC, mais cette fois-ci à l’échelle canadienne. On y indiquait que 41 % des Canadiens croyaient que le Canada devrait abolir les statuts spéciaux des Autochtones et tous les programmes qui leur sont destinés. Cependant c’est dans les provinces de l’ouest que cette opinion est la plus répandue. Au Québec, cette opinion récoltait tout de même un appui de 35 %. (Radio-Canada, 2016a)

En septembre 1994, s’appuyant sans doute sur un sondage d’opinion publié quelques mois auparavant, une compagnie ne s’est pas gênée pour exploiter des préjugés populaires à l’égard des Autochtones. En fait foi cette annonce parue, pleine page, dans les grands journaux francophones de la région de Montréal. En plus petit caractère, nous pouvons lire la note suivante qui laisse entendre que les Mohawks jouissent de passe-droits et de privilèges indus : « Avec Super Écono, pas de passe-droit! Tout le monde profite du meilleur service aux meilleurs prix possibles et du plan d’entretien le moins cher de l’industrie. Parce qu’avoir chaud en hiver, ce n’est pas un privilège, c’est une nécessité ».

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Question 14 de 33

Les « réserves de castors », où le gouvernement a reconnu aux Autochtones l’exclusivité du piégeage des animaux à fourrure, représentent quelle superficie du territoire de la province du Québec ?

Credit photo: Shirley Sarna, août 2003

Les « réserves de castors » correspondent à un territoire impressionnant, 232,500 km2, qui couvre près de 80 % de la superficie du Québec. Ce réseau de sanctuaires et de réserves établi à partir des années 30 par le Québec, en collaboration avec le gouvernement fédéral, pour protéger la faune et contrer les abus perpétrés par les non-Autochtones à l’époque, est toujours en vigueur.
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