Des écarts persistants entre Autochtones et non-Autochtones

Les données les plus récentes nous sont fournies par Statistique Canada et confirment les tendances déjà identifiées dans les analyses et les recensements précédents. L’Enquête nationale auprès des ménages de 2011 révèle ces points saillants :

  • La population autochtone du Québec demeure très jeune alors que les moins de 14 ans représentent 23,7 % de celle-ci et que cette proportion n’atteint que 16,1 % chez les non-Autochtones. Si l’âge médian des Autochtones varie de 31 à 41 ans, celui des Inuits est de 21 ans.
  • Une proportion de 29,7 % des enfants autochtones de moins de 14 ans vivent en famille monoparentale alors qu’elle correspond à 18,6 % chez les enfants non autochtones.
  • En matière d’éducation, si plus de la moitié (51,8 %) des membres des Premières Nations âgés de 25 à 64 ans détiennent un titre d’études postsecondaires, c’est le cas de près des deux tiers (65,9 %) des Non-Autochtones.
  • Une proportion de 16,9 % des Premières Nations possède un diplôme d’études secondaires ou l’équivalent alors que 31,3 % n’ont aucun certificat, diplôme ou grade. Ce taux grimpe à 55,8 % chez les Inuits. En comparaison, seulement 14,5 % des non-Autochtones du Québec ne possèdent aucun certificat, de diplôme ou de grade.
  • C’est au niveau universitaire que la disparité apparaît avec le plus d’acuité : seulement 2,6 % des Inuits atteignent le niveau du baccalauréat ou un diplôme de niveau supérieure alors que c’est le cas de 23,5 % des non-Autochtones. Un écart important existe également pour les Premières Nations (8,9 %) et pour les Métis (11,1 %).
  • Le surpeuplement des logements demeure plus répandu dans les réserves et dans le Nord.

Statistique Canada, Les peuples autochtones au Canada et au Québec : Premières Nations, Métis et Inuit, Résultats de l’Enquête nationale auprès des ménages (ENM) de 2011. pp 17-31

En matière d’emploi, l’étude réalisée par l’économiste Régent Chamard pour le compte du Comité consultatif des Premières Nations et des Inuits relatif au marché du travail, (Chamard, 2016) nous révèle des écarts persistants entre Autochtones et Non-autochtones. Chez les Premières Nations, le taux d’emploi en comparaison avec l’ensemble de la population au Québec affiche un écart moyen de 10,8 points de pourcentage pour les années 2001, 2006 et 2011. Chez les Inuits, pour ces trois mêmes années, cet écart moyen est de 8,7 points. Au niveau du taux de chômage, pour ces trois mêmes années, autant chez les Premières Nations que chez les Inuits, il dépasse le double de celui observé pour l’ensemble de la population.

L’étude de monsieur Chamard révèle également qu’en 2010, plus d’une personne sur cinq (22,6%) au sein des Premières Nations et des Inuits possède un revenu se situant sous le seuil de la pauvreté. En comparaison, 16,7% de la population totale du Québec dispose d’un revenu en dessous du seuil de la pauvreté.

Il faut toutefois mentionner l’existence de disparités régionales importantes comme le signale cette étude. Dans la région de l’Abitibi-Témiscamingue, à titre d’exemple, le taux de chômage moyen au sein des communautés des Premières Nations est de 33,3 % en 2011 atteignant même jusqu’à 54,5 % dans la communauté algonquine de Long Point, et 42,2 % dans celle du Lac Simon. Réalité semblable sur la Côte-Nord en ce qui a trait aux communautés innues et à la communauté naskapie de Kawawachikamach. Enfin, cette étude nous permet de constater qu’ailleurs au Canada, les provinces et les territoires sont aux prises avec des écarts beaucoup plus grands que ceux constatés aux Québec.

Des logements surpeuplés et vétustes

  • Au Québec en 2011, 26 % des Premières Nations vivant dans une réserve et 42 % des Inuits habitaient un logement surpeuplé, c’est-à-dire un logement comptant plus d’une personne par pièce. Chez les Métis et les Premières Nations hors réserve, cette proportion était de 2 %. Le chiffre comparable pour la population non autochtone se situait à 3 %…
  • Près d’un tiers des Premières Nations vivant dans une réserve (34 %) et des Inuits (36 %) habitaient un logement nécessitant des réparations majeures, soit des proportions qui étaient beaucoup plus élevées que pour les Premières Nations hors réserve (12 %) et les Métis (14 %). Le chiffre correspondant pour la population non autochtone était de 7 %.

Source : Statistique Canada, 2016a

« Il est impensable qu’en 2010, jusqu’à une vingtaine de personnes s’entassent dans un même logement. Pourtant, il s’agit de la triste réalité que vivent des milliers d’Inuits du Nord du Québec. Les tensions reliées au phénomène de surpeuplement augmentent les risques de violence et d’agressions sexuelles. Nous avons le devoir de mettre fin à cette situation inacceptable », déplorait le président de la Société Makivik de l’époque, monsieur Pita Aatami. (Société Makivik, 2010)

Credit photo: Pierre Lepage

Maisons jumelées en construction, Kuujjuaq, 2010.

Credit photo: Pierre Lepage

Comparaison des taux d’emplois et de chômage des premières nations, des inuits et de l’ensemble de la population du Québec en 2001, 2006 et 2011

Taux d’emploi 2001 2006 2011
Premières Nations 45,2 % 50,7 % 50,8 %
Inuit 49,7 % 50,8 % 52,6 %
Ensemble de la population 58,9 % 60,4 % 59,9 %
Taux de chômage 2001 2006 2011
Premières Nations 19,5 % 15,5 % 15,0 %
Inuit 18,7 % 19,7 % 16,2 %
Ensemble de la population 8,2 % 7,0 % 7,2 %

(Source : Régent Chamard, 2016 : L’état du marché du travail au Québec pour les Premières Nations et les Inuit. Situation récente et tendances. P. 46.)

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