Il existe une croyance profondément ancrée, devenue certitude dans certains milieux, selon laquelle les Autochtones
Au Québec, on reconnaît l’existence de 11 nations autochtones : Abénaquis (Waban-Aki), Algonquins (Anishnabeg), Atikamekw Nehirowisiwok, Cris (Eeyou), Hurons-Wendat, Inuit, Malécites (Wolastoqiyik), Mi’gmaq (Micmacs), Mohawks (Kanien’kehá:ka), Innus (Montagnais) et Naskapis. Dans tout le Canada, on parle de près d’une soixantaine de nations autochtones.
Selon un autre point de vue largement répandu, les Autochtones coûtent cher aux contribuables canadiens et québécois. Quelques nuances s’imposent. Ce ne sont pas les Autochtones qui coûtent cher mais bien la situation déplorable et la marginalité économique dans laquelle se trouve la majorité de leurs communautés qui coûtent cher, tel que le confirmait la Commission royale sur les peuples autochtones dans son rapport rendu public en 1996. Les services dispensés par les différents niveaux de gouvernement aux Autochtones coûtent plus cher en comparaison aux services dispensés à l’ensemble des Québécois et des Canadiens. La Commission royale estimait que les dépenses publiques par habitant étaient plus élevées de 57 % pour les Autochtones en comparaison aux dépenses engagées pour chaque résident canadien. (Canada, Commission royale, 1996)
Mais la Commission royale indiquait du même coup pourquoi ces dépenses étaient plus élevées. « Un nombre disproportionné d’autochtones vivent dans de petites communautés situées dans les régions éloignées du Nord. » Le coût de la vie dans ces régions isolées est démesurément élevé, « de 25 à 100 % supérieur à la moyenne canadienne ». Ce coût élevé se répercute inévitablement sur les salaires et les allocations des fonctionnaires qui y travaillent. (ibid.)
Le budget des affaires indiennes et du nord
Plus de 80 % des dépenses pour les programmes autochtones du ministère des Affaires indiennes et du Nord sont liées à des services de base comme ceux fournis aux autres Canadiens par les gouvernements provinciaux, territoriaux et par les administrations municipales.
Cependant c’est au chapitre de l’utilisation des services gouvernementaux que l’écart entre Autochtones et non-Autochtones reflète l’accroissement de coûts. Au niveau des études primaires et secondaires, les dépenses publiques « sont deux fois plus élevées pour les Autochtones que pour les Canadiens ». Cela est dû au nombre plus élevé d’enfants autochtones, « les enfants âgés de 5 à 19 ans représentent 33 % de la population autochtone comparativement à seulement 20 % de la population générale ». (ibid.)
Par ailleurs, les Autochtones sont « surreprésentés dans le système judiciaire et les programmes sociaux et de soutien du revenu… » selon la Commission royale. Dans les prisons provinciales par exemple, la Commission rapportait que le taux d’incarcération des Autochtones était, en 1996, « 11 fois plus élevé que celui des autres Canadiens ». Cette tendance est tout à fait observable au Québec et génère des coûts importants de services pour ces collectivités. Cette réalité est confirmée d’ailleurs dans un rapport publié en 2016 par le Protecteur du citoyen du Québec sur les conditions de détention, l’administration de la justice et la prévention de la criminalité au Nunavik :
Un constat s’impose : les Inuits sont surreprésentés dans les systèmes de justice et correctionnel. Ces dernières années, cette surreprésentation n’a fait d’ailleurs que s’accentuer. En 2015, le nombre d’Inuits ayant séjourné dans un établissement de détention a augmenté de 64 % par rapport à 2010. Rien, par ailleurs, ne laisse entrevoir une amélioration de la situation pour les années à venir. Le taux de criminalité continue d’augmenter au Nunavik, alors qu’il tend à diminuer pour l’ensemble du Québec. L’inadéquation du système de justice avec la réalité des Nunavimmiuts et le peu de ressources en matière de prévention de la criminalité, notamment celles visant le traitement des dépendances sur le territoire, participent à la surreprésentation de ces personnes au sein des instances correctionnelles et judiciaires.
Les problèmes de santé, les difficultés d’ordre socal et économique engendrent aussi des coûts importants pour les gouvernements. Or, indiquait la Commission royale, si des efforts ne sont pas déployés pour sortir les communautés autochtones de la marginalisation économique, les coûts des services vont monter en flèche. (ibid.)
Fait intéressant, dans son analyse de l’évaluation des coûts, la Commission royale a tenu à rappeler qu’en plus de ce qu’il en coûte à l’ensemble des Canadiens et des Québécois, on oublie trop souvent de prendre en considération ce qu’il en coûte aux premiers intéressés. Les conditions de vie inférieures et la marginalisation économique coûtent en effet très cher aux Premières Nations
Ainsi une personne dira : Je suis de la Première nation naskapie de Kawawachikamach, ou je suis de la Première nation Atikamekw de Manawan ou Première nation Mohawk d’Akwesasne etc. marquant ainsi à la fois sa nation d’appartenance et son lieu d’origine ou de résidence.