Une perception distordue

Où se situe donc la vérité? Les Autochtones jouiraient-ils d’un traitement de faveur? Seraient-ils aussi privilégiés qu’on le prétend et auraient-ils plus de droits que la majorité des citoyens? Reçoivent-ils un chèque tous les mois, une « prestation d’Indien » en quelque sorte? Et combien coûtent ces Autochtones supposément « privilégiés » aux contribuables québécois et canadiens?

Dans Des droits différents à apprivoiser, nous avons été à même de constater que, loin de représenter un régime de privilèges, la Loi sur les Indiens constitue plutôt un véritable régime de tutelle des Premières Nations. Qui dit tutelle dit contrainte, dépendance, absence d’autonomie et privation ou limites à l’exercice de certains droits et libertés, notamment en matière testamentaire, en matière d’accès à la propriété et en ce qui a trait à la libre disposition de certains biens personnels.

L’idée que les Autochtones sont comblés de privilèges était si fortement répandue il n’y a pas si longtemps qu’il n’est pas surprenant qu’une majorité de gens en soient arrivés à croire que les Autochtones vivaient mieux ou aussi bien que les Québécois. Pourtant la réalité quotidienne dans la majorité des communautés autochtones est tout à fait à l’opposé de cette perception.

En situation de crise, la frontière entre la manifestation des idées et l’intolérance est facile à franchir. Au cours d’une contre-manifestation, en août 1998, des citoyens des environs de Pointe-à-la-Croix ont bloqué l’accès au Nouveau-Brunswick pour protester contre les barricades dressées quelque temps plus tôt par des Mi’gmaq de Listuguj. Cette photo, qui a fait la une des grands quotidiens, en dit long sur l’état d’esprit des manifestants. L’affiche, on le voit, véhicule un préjugé fort répandu voulant que les Autochtones, sans distinction, soient des éternels « exploiteurs du système ».

Credit photo: Presse canadienne

Dans les réserves des premières nations, un marché immobilier inexistant

Aucune chance de trouver une affiche semblable dans une communauté des Premières Nations. Les contraintes imposées par la Loi sur les Indiens font que très peu d’autochtones sont susceptibles de devenir propriétaires de leurs maisons. Lorsque c’est le cas, ces maisons sont bâties sur des terrains dont ils ne peuvent détenir un véritable titre de propriété. Tout au plus détiennent-ils des certificats de possession ou d’occupation. Ces terrains ne sont donc transférables qu’à la communauté ou à une autre personne ayant un statut d’Indien. Il n’y a donc pas de libre marché, et les habitations n’ont pas, à proprement parler, de valeur marchande.

Credit photo: Marie-Soleil Laquerre

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