Des partenariats profitables à tous

En septembre 2013, l’Association des produits forestiers du Canada et le Conseil canadien pour le commerce autochtone décernaient à la Scierie Opitciwan le Prix du leadership des entreprises autochtones pour son engagement envers les valeurs traditionnelles autochtones et l’environ­nement, ainsi que pour les emplois qu’elle génère dans la communauté. Cogérée par le Conseil des Atikamekw d’Opitciwan qui détient une participation majoritaire de 55 % et l’entreprise Produits Forestiers Résolu, « la scierie emploie 125 personnes, dont 65 % dans le département de la fabrication… » rapporte Marc Awashish, président de la scierie, dans une entrevue accordée à la Presse Canadienne (Laguë, 2013) « Cela représente 60 % des résidents de la communauté. » En 2013, le revenu annuel de l’entreprise était de 20 millions $. (idem) Pour J-P. Gladu, président directeur général du Conseil canadien pour le commerce autochtone, cela démontre que « des par­tenariats sensés et rentables sont possibles (…) La communauté atikamekw a une connaissance approfondie du territoire et une main-d’œuvre talentueuse alors que Résolu apporte son expertise en matière de foresterie et de vente. » (ici.radio-canada.ca/nouvelles, 24 sept. 2013)

De gauche à droite, Marc Hubert de l’Association des produits forestiers du Canada, Christian Awashish, chef du Conseil des Atikamekw d’Opitciwan et J.P. Gladu, du Conseil canadien pour le commerce autochtone.

Credit photo: Fanny Bédard/Radio-Canada

La caisse populaire Kahnawake

Un succès issu de la collaboration entre Mohawks et Québécois

Ce n’est pas tous les jours qu’on entend parler d’une expérience réussie de collaboration entre Mohawks et Québécois. Mais quand on y met créativité et compréhension, presque tout devient possible. C’est en tout cas une des leçons que l’on peut tirer de notre expérience de caisse populaire à Kahnawake.

Rice, 1994

Michael L. Rice est membre fondateur et, en 1994, gérant de la Caisse populaire de Kahnawake. Dans un article paru dans la revue Relations, il résumait ainsi la situation économique vécue dans sa communauté :

Jusqu’en 1987, notre communauté fonctionnait sans sa propre institution financière. Bien des banques, ignorantes de nos lois et coutumes, étaient hésitantes ou mal équipées pour répondre aux besoins de nos gens. De plus, il était extrê­mement frustrant d’essayer d’obtenir des fonds du gouvernement pour le développement des entreprises. Nous avions donc besoin d’une source de financement et le Conseil mohawk de Kahnawake décida de mettre sur pied une institution financière autochtone. En 1987, la Caisse populaire de Kahnawake ouvrait ses portes.

Rice, 1994

Le « modèle de Kahnawake »

Michael Rice indiquait que l’impact de la création de la caisse fut immédiat sur le développement économique de la communauté. Mais l’institution se caractérise de façon particulière par la création d’un système de fiducie autochtone, qui permet de contourner les obstacles découlant de la Loi sur les Indiens qui « interdit de grever n’importe quel bien meuble ou immeuble appartenant à un Indien d’une charge (Hypothèque, gage, garantie, etc.) en faveur d’un non-Indien. Ainsi, il est impossible pour un Indien de donner sa maison, son terrain ou tout autre bien semblable en garantie à sa banque ou à sa caisse populaire en vue d’obtenir un prêt. Par contre, rien n’interdit de donner de tels biens en garantie à un autre Indien. C’est cela qui est à la base du « modèle de Kahnawake ». » Selon ce modèle, une fiducie autochtone composée de trois personnes très respectées de la communauté, sert « d’intermédiaire entre l’emprunteur indien et le prêteur non-indien (la caisse populaire) ». Il s’agit du « principe d’une garantie fournie par un tiers ». Cependant, cette tierce partie n’étant pas un gouvernement (fédéral, provincial ou conseil de bande), cela permet de replacer la responsabilité du remboursement des prêts sur les épaules de l’emprunteur lui-même.

Credit photo: Pierre Lepage

Le gérant de la Caisse de Kahnawake concluait que l’impact économique de la caisse a été considérable : « On estime qu’à peu près tous les prêts commerciaux, les deux tiers des prêts hypothécaires et plus de la moitié des prêts personnels n’auraient sans doute pas été accordés par des institutions financières extérieures. » (Idem)

Pourquoi avoir choisi le modèle des caisses populaires? « Quand nous avons choisi d’ouvrir une caisse plutôt qu’une banque, c’était surtout en raison de la structure coopérative de propriété et de contrôle, plus démocratique et plus proche de nos valeurs culturelles, de même qu’en raison des avantages fiscaux offerts aux caisses. » (idem)

Une santé financière enviable, 30 ans après sa création   

Trente ans après sa création, la Caisse populaire Kahnawake affiche, au 31 décembre 2016, un avoir de 23,9 millions $ soit une augmentation de 11,6 % par rapport à l’année financière 2015. Alors que le portefeuille de prêts s’élevait, en 1994, à 16 millions $, il s’élève, pour l’année financière 2016, à 55 millions $ dont 43 millions en prêts hypothécaires et 8,5 millions en prêts commerciaux. (Caisse populaire Kahnawake, 2016 : 5-8) Voilà un exemple concret de coopération qui profite autant aux Mohawks qu’aux Québécois.

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