Les Cris et les Inuits dont nous venons d’évoquer brièvement le parcours, de même que les Naskapis qui ont signé, en 1978, la Convention du Nord-Est québécois, ont vu un développement accéléré de leurs organisations. Il en va de même pour les autres nations
Au Québec, on reconnaît l’existence de 11 nations autochtones : Abénaquis (Waban-Aki), Algonquins (Anishnabeg), Atikamekw Nehirowisiwok, Cris (Eeyou), Hurons-Wendat, Inuit, Malécites (Wolastoqiyik), Mi’gmaq (Micmacs), Mohawks (Kanien’kehá:ka), Innus (Montagnais) et Naskapis. Dans tout le Canada, on parle de près d’une soixantaine de nations autochtones.
L’APNQL a été créé en 1985. Elle est composée de l’Assemblée des Chefs ainsi que d’un bureau administratif. L’Assemblée est composée des Chefs des 43 communautés des Premières Nations situées au Québec et au Labrador et représente un total de 10 nations : Abénaquis, Algonquins, Atikamekw, Cris, Hurons-Wendat, Malécites, Mi’gmaq, Mohawks, Innus et Naskapis.
Au sein des conseils de bande des Premières Nations
Ainsi une personne dira : Je suis de la Première nation naskapie de Kawawachikamach, ou je suis de la Première nation Atikamekw de Manawan ou Première nation Mohawk d’Akwesasne etc. marquant ainsi à la fois sa nation d’appartenance et son lieu d’origine ou de résidence.
Une douce revanche sur l’histoire :
La course de chiens de traineau Ivakkak
Comme évoqué dans Des droits différents à apprivoiser, l’abattage massif des chiens de traineau par les autorités fédérales et provinciales durant les années 1950 dans les villages inuits, constitue l’une des pages les plus sombres de l’histoire des relations avec ce peuple.
Aujourd’hui cependant, sur la colline, en retrait du village de Kuujjuaq, le visiteur peut voir des enclos regroupant une quantité impressionnante de chiens de traineau qui attendent avec impatience le retour de la saison froide. Au grand plaisir des Inuits du Nunavik, les chiens de traineaux gagnent en popularité depuis plusieurs années. La course Ivakkak en est le témoignage le plus éloquent et représente une douce revanche sur l’histoire.
Depuis 2001, la Société Makivik organise cet événement annuel sur un parcours de 400 kilomètres entre les villages de Kangiqsujuaq et de Tasiujaq. Au passage des équipes dans chacun des villages situés sur le parcours de la course, c’est la fête et l’expression d’une grande fierté tant chez les jeunes que chez les adultes.
En milieu urbain, où le nombre d’Autochtones croît de façon importante, comme nous l’avons mentionné dans Des nations à mieux connaître, la mobilisation et l’engagement sont aussi au rendez-vous. En 2008, à titre d’exemple, le Réseau pour la stratégie urbaine de la communauté
D’autres organismes d’importance ont vu le jour. C’est le cas notamment de Tourisme autochtone Québec qui connait une croissance enviable.
Au sein de la nation innue, l’Institut Tshakapesh (autrefois Institut culturel et éducatif montagnais ICEM) compte, en 2018, une longue feuille de route.
Depuis son inauguration en 1978, Tshakapesh ne cesse d’évoluer. De la mise sur pied d’un Conseil des aînés, en passant par la création d’outils pédagogiques, la formation, la publication de livres, le soutien aux artistes et l’interprétation de la culture innue, l’Institut Tshakapesh contribue à la transmission des savoirs d’une génération à l’autre…
Vouée à la préservation, à la valorisation et au développement de la langue et de la culture innue, cette organisation remplit aussi un mandat d’éducation en assurant un soutien pédagogique et administratif aux écoles de sept communautés innues de la Côte-Nord. L’Institut Tshakapesh est également le grand artisan de La rencontre Québécois-Autochtones : Sous le shaputuan, un programme novateur de sensibilisation aux réalités autochtones en milieu scolaire québécois.
La rencontre québécois-autochtones : sous le shaputuan
En 1998, l’Institut Tshakapesh a répondu avec empressement à l’invitation de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) d’élaborer et de mettre en œuvre un programme conjoint de sensibilisation aux réalités autochtones en milieu scolaire québécois. Il a fallu faire preuve d’audace dans les moyens pédagogiques utilisés : mise sur pied d’une équipe de tournée, érection d’un campement de rassemblement (shaputuan), dans la cour des écoles visitées, périodes-classes dans cette grande tente en compagnie d’animateurs innus, spectacle, jeux, souper communautaire, soirée pour les parents et même campement de nuit, tout a été mis en œuvre pour créer un contact sincère et positif pour les élèves. La venue de l’équipe de tournée était aussi une occasion privilégiée pour tenir des ateliers de sensibilisation aux réalités autochtones auprès du personnel des écoles visitées.
C’est dans le cadre de ces perfectionnements qu’a été réalisée la présente publication, Mythes et réalités sur les Peuples autochtones, un outil pédagogique qui a reçu un accueil favorable du milieu scolaire et qui est depuis disponible pour le grand public. Sur une période de dix ans, l’entente de coopération entre la CDPDJ et l’Institut Tshakapesh a permis de visiter 85 écoles secondaires à travers le Québec. Durant cette période, grâce à un financement des gouvernements du Québec et du Canada et à une contribution financière minimale des écoles visitées, l’équipe de tournée a accueilli, sous le shaputuan, au-delà de 100 000 élèves et environ 2 500 enseignants ont pu bénéficier d’un perfectionnement. Aujourd’hui encore, l’Institut Tshakapesh assure la poursuite de ce programme plutôt exceptionnel.
Le tourisme autochtone en plein essor
Le tourisme autochtone au Québec est en pleine croissance. Entre 2002 et 2016, le nombre d’entreprises touristiques autochtones a plus que doublé. Annuellement, le tourisme autochtone crée près de 3 500 emplois chez les 11 nations tout en totalisant des retombées économiques de l’ordre de 169 millions de dollars. (Tourisme Autochtone Québec, 2016)
La demande des visiteurs pour le tourisme autochtone au Québec évolue tout autant. On pourrait croire de prime abord que la clientèle européenne constitue la majorité des visiteurs. Ce n’est pas le cas même si elle constitue une clientèle majeure et intéressée. Tout comme pour l’Australie et la Colombie-Britannique, deux destinations comparables pour leur tourisme autochtone, la majorité des touristes proviennent du pays d’origine et non de l’international. La clientèle québécoise compte pour 65 % des visiteurs alors que les touristes venus d’Europe, des États-Unis et d’autres pays, représentent 27 % de la clientèle. Désormais, plus de 1,2 million de visiteurs annuellement choisissent d’inclure dans leur voyage une expérience de tourisme autochtone.
Depuis 2002, bien que le Québec ait connu une baisse marquée des investissements de l’ensemble de l’industrie touristique, et une baisse des dépenses touristiques de l’ordre de 7,3 %, le dynamisme des entreprises autochtones a contribué à maintenir, d’année en année, le niveau des retombées économiques dans certaines régions les plus affectées.
Provenance des touristes fréquentant les entreprises autochtones
Clientèle québécoise
64 %
Clientèle européenne
19 %
Clientèle canadienne hors Québec
9 %
Clientèle des États-Unis
3 %
Autres pays
5 %
Source : Tourisme Autochtone Québec, 2016
Le tourisme en milieu autochtone est une occasion privilégiée pour découvrir la richesse et la diversité des Premiers Peuples. Particulièrement en région éloignée, ce secteur d’activités est souvent névralgique au plan du développement socio-économique, tout autant pour l’affirmation et le renforcement d’une identité culturelle distincte.