Au début de la période dite de « prise en charge » (années 1970), le défi était colossal. Outre le changement de cap dans le domaine de l’éducation, tout, en quelque sorte, était à construire : consolidation des organisations politiques autochtones
Au Québec, on reconnaît l’existence de 11 nations autochtones : Abénaquis (Waban-Aki), Algonquins (Anishnabeg), Atikamekw Nehirowisiwok, Cris (Eeyou), Hurons-Wendat, Inuit, Malécites (Wolastoqiyik), Mi’gmaq (Micmacs), Mohawks (Kanien’kehá:ka), Innus (Montagnais) et Naskapis. Dans tout le Canada, on parle de près d’une soixantaine de nations autochtones.
Pour la nation
Au Canada, dans les relations avec les peuples autochtones, il existe deux types de traités : ceux dits de paix et d’amitié et ceux dits territoriaux, c’est-à-dire ceux touchant plus spécifiquement les terres et les titres fonciers.
Dans l’esprit du gouvernement, les traités territoriaux avaient pour objectif d’éliminer tout obstacle à la colonisation et d’inciter les membres des Premières Nations à abandonner leurs terres, leurs modes de vie et à s’assimiler.
Chez les Inuits, la Convention de la Baie-James et du Nord québécois a tracé la voie à la création de l’Administration régionale Kativik, de la Commission scolaire Kativik
Malgré ces progrès en matière d’autonomie gouvernementale, l’unité du peuple inuit était loin d’être acquise. En 1974, lors de la discussion du projet de Convention, les Inuits des villages de Puvirnituq, Ivujivik et une partie des habitants de Salluit ont mis sur pied une association dissidente, l’Inuit Tunngavingat Nunamini (ITN). Ce regroupement contestait en particulier la clause dite « d’extinction des droits territoriaux » prévue à la Convention de la Baie-James et du Nord québécois. L’ouverture d’un dialogue entre Inuits signataires et Inuits dissidents s’est cependant amorcée en 1983, à Québec, à l’occasion d’une commission parlementaire où les représentants des deux parties furent invités à s’exprimer. « Durant cette rencontre, Elyassie Sallualuk, le représentant d’ITN, s’adressa au premier ministre René Lévesque et lui demanda si la porte était toujours ouverte pour la négociation d’un gouvernement autonome. » (voir à ce sujet, Hervé, 2016) René Lévesque lui répondit par l’affirmative, mais à la condition que l’unité revienne au sein du peuple inuit. En janvier 1984, lors d’une rencontre à Puvirnituq, les représentants de la Société Makivik et d’ITN discutèrent des modalités de leur collaboration en vue de créer un gouvernement régional. (idem)
Les décennies qui ont suivi ont amené d’intenses pourparlers : – formation du Comité constitutionnel du Nunavik en 1987 et ébauche d’un projet de constitution, – mise en place, en 1997, de la Commission du Nunavik, composée de représentants du Nunavik et des gouvernements du Québec et du Canada, – tenue d’audiences et dépôt d’un rapport, – négociations soutenues entre les parties, signature d’une entente de principe en 2007, et organisation, en 2011, d’un référendum auprès de la population pour la mise en place d’un gouvernement régional. Toutefois, selon la professeure Caroline Hervé : « Ce qui devait être une ratification de routine surprit tout le monde puisque les Inuits répondirent massivement « non » à cette entente le 27 avril 2011. » (idem)
Malgré des espoirs déçus, les discussions sur l’autonomie des Inuits ont pris une orientation nouvelle, celle du rôle décisif et incontournable du peuple inuit et de ses institutions dans le développement du territoire du Nunavik, particulièrement en matière de développement économique. Cette nouvelle orientation s’est imposée en mai 2011 à la suite de l’annonce du Plan Nord par le premier ministre du Québec de l’époque, Jean Charest. Par un geste significatif d’affirmation, les organisations inuites ont aussitôt répliqué par le dépôt du Plan Nunavik, indiquant du même coup les priorités des Nunavimmiuts (résidents inuits du Nunavik) au cours des 25 prochaines années. Comme l’explique la professeure Hervé, des consultations tenues en 2013 dans les villages inuits ont mené, en 2015 : « à la Déclaration des Inuits du Nunavik dans laquelle ils affirment la volonté d’être acteurs de leur développement et de créer une nouvelle structure de gouvernance au Nunavik qui les place dans une relation d’égalité avec le gouvernement du Québec et du Canada. » (Idem)
Les inuits prennent le leadership dans le développement des énergies renouvelables au Nunavik
Le 21 février 2017, les représentants des deux principaux organismes de développement économique de la région du Nunavik, la Société Makivik et la Fédération des coopératives du Nouveau-Québec (FCNQ), ont signé un accord qualifié de « moment historique » pour la création d’une coentreprise consacrée à l’expansion des énergies renouvelables au Nunavik. Actuellement, selon le communiqué de presse émis, « 100 % de l’électricité produite dans la région du Nunavik provient de génératrices alimentées au diésel. » Avec cette entente, les Inuits veulent s’inscrire dans la politique du gouvernement du Québec visant à réduire de 40 % la consommation de combustibles fossiles d’ici 2030.
Un des objectifs premiers est de développer des projets locaux d’énergie renouvelable en partenariat avec les coopératives et les sociétés foncières de la région pour fournir de l’énergie aux communautés. D’autres projets énergétiques pourraient être réalisés pour les entreprises minières. Parmi les énergies envisagées pour l’exploitation, notons les énergies éolienne, solaire et même marémotrice – en effet, certaines des plus hautes marées au monde déferlent au large de quelques communautés du Nunavik.