Priorité à la formation des maîtres

La formation d’enseignants autochtones était l’une des grandes missions du Collège Manitou. En 1972, le ministère de l’Éducation du Québec a confié à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) le mandat de la mise en place du programme d’« amérindianisation » des écoles proposé par l’Association des Indiens du Québec. (Centre d’études amérindiennes, 2005 : 3) Le travail à réaliser était immense : remplacer le régime des pensionnats autochtones par des écoles gérées par les communautés des Premières Nations et des Inuits, des lieux où la survie des langues et des cultures autochtones serait désormais au centre des préoccupations. Entre 1975 et 2003, l’UQAC a décerné le nombre impressionnant de 579 diplômes, des certificats en sciences de l’éducation ou en technolinguistique autochtone et, pour près de la moitié, des baccalauréats en édu­cation préscolaire et en enseignement primaire. (ibid. : 3)

Marie-F. Raphaël, de la communauté innue de Mashteuiatsh au Lac St-Jean, fait partie des premières personnes autochtones diplômées en pédagogie à l’Université du Québec à Chicoutimi. Après l’obtention de son baccalauréat en enseignement (Brevet A) elle a enseigné pendant deux ans dans la communauté atikamekw d’Opitciwan et deux autres années dans la communauté crie de Mistissini. Par la suite, elle a pour- suivi sa carrière à Mani-utenam sur la Côte-Nord où elle a assumé plusieurs fonctions dont celle d’enseignante, de conseillère pédagogique et de directrice de l’École Tshishteshinu. Avec Huguette Courtois de Mashteuiatsh et Marcelline Picard-Kanapé de Pessamit, madame Raphaël fait partie des premières diplômées autochtones à assumer la direction d’une école au sein des communautés des Premières Nations. Elle est photographiée ici en 2008 à l’UQAC alors qu’elle assurait la direction intérimaire du Centre des Premières Nations Nikanite.

Credit photo: Pierre Lepage

Du côté anglopho­ne, la signature de la Convention de la Baie-James et du Nord qué­bécois en 1975 a permis à l’Université McGill de jouer un rôle prépondérant dans la for­mation des enseignants au bénéfice des communautés cries et inuites. Actuellement, McGill et son Bureau de la formation des maîtres inuits et des Premières nations continuent leur collaboration étroite avec les Commissions scolaires crie et Kativik, mais également avec les services éducatifs de plusieurs communautés ayant l’anglais comme langue seconde comme Kahnawake, Kanesatake et Listuguj.

En 2016, l’Université McGill innovait en offrant un baccalauréat en enseignement entièrement donné au sein d’une communauté des Premières Nations, une première au Canada. Dix-huit étudiants ont suivi cette formation sur le territoire même de la communauté micmaque de Listuguj en Gaspésie. (Bérubé, 2016 : 1) L’expérience a porté fruit puisqu’à l’automne 2018, un partenariat entre McGill et la communauté de Kahnawake va permettre aux enseignants mohawks d’obtenir un baccalauréat en édu­cation sans quitter la réserve. Les enseignants de la communauté qui ont un certificat en enseigne­ment pourront travailler le jour et étudier le soir pour l’obtention de leur « bac ». (Nadeau, 2018)

Credit photo: Pierre Lepage

L’école Alaqsite’w Gitpu de Listuguj en Gaspésie.

Credit photo: Pierre Lepage

Le Centre des Premières Nations Nikanite, au cœur de la réussite scolaire

Le travail de pionnier de l’Université du Québec à Chicoutimi en matière de formation universitaire pour les membres des Premières Nations, s’est poursuivi avec la création en 1991 du Centre d’études amérindiennes qui sera rebaptisé plus tard Centre des Premières Nations Nikanite. Toujours à l’affut des besoins des communautés des Premières Nations, ce centre a développé une multitude de programmes, en administration, en art et culture, en éducation et en intervention, en plus de programmes de formation générale ou spécifique. La question de la persévérance scolaire est une préoccupation majeure du centre qui a tenu, en octobre 2017, son 3e Colloque de la persévérance et la réussite scolaire chez les Premiers Peuples. En cette matière, l’UQAC fait preuve d’imagination en mettant sur pied des camps d’été et des ateliers qui s’adressent aux jeunes des Premières Nations de troisième, quatrième et cinquième secondaire. Ainsi, à la fin mai 2018, des jeunes ont pu participer à une mini-école de médecine où l’Atelier de dissection et de sutures a été animé par nul autre que le Dr Stanley Vollant, tout premier chirurgien autochtone du Québec. Comme le mentionne la direction du centre Nikanite : « Le Dr Vollant est d’ailleurs l’instigateur, ici à l’UQAC, des activités de camps de découvertes des carrières dans le domaine de la santé pour les jeunes des Premières Nations. » (nikanite.uqac.ca/)

En novembre 2016, l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) a inauguré son nouveau Pavillon de la culture des peuples autochtones Rio Tinto. Le pavillon abrite notamment le Centre des Premières Nations Nikanite.

Credit photo: UQAC

L’équipe dévouée du Centre des Premières Nations Nikanite de l’UQAC. De gauche à droite (haut) Marco Bacon, directeur, Hélène Leclerc, Lydia Robichaud, Mathieu Gravel, (bas) Caroline Lester, Nathalie Carter, Sophie Riverin et Lynda Courtemanche.

Credit photo: Samuel Taillon, UQAC

En 2014, l’UQAC a inauguré un pavillon universitaire à Sept-Îles offrant ainsi aux Nord-Côtiers et particulièrement aux Innus la possibilité de compléter une formation supérieure dans leur propre région.

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