Un dilemme persistant pour les Premiers Peuples

L’action politique, la négociation ou les poursuites devant les tribunaux

Au plan politique, en plus des organismes bien établis, on observe une même effervescence au niveau des conseils tribaux, tels que le Conseil de la Nation Atikamekw, le Conseil tribal Mamuitun, le Grand Conseil de la Nation Waban-Aki, le Secrétariat Mi’gmawei Mawiomi et le Conseil tribal de la nation algonquine Anishinabeg. Ces organisations portent, au cœur de leur mandat, la lourde tâche des négociations touchant les terres, les ressources et les modalités d’autonomie gouvernementale. Parfois, devant les négociations qui s’étirent et les résultats qui tardent à venir, le doute s’installe au sein des équipes de négociation et des communautés impliquées. À l’occasion d’une journée d’étude organisée en 2014 à Montréal par l’organisme Justice et Foi, l’ancien chef de la communauté innue de Masteuiatsh, Gilbert Dominique, a réitéré qu’il croyait au processus de négociation, mais, qu’à son avis, « le pire ennemi c’est le temps ». Il disait craindre une perte de confiance de la population et constatait que cela « affecte la crédibilité du processus de négociation ». (Justice et Foi, 2014)

Constant Awashish fait partie de la nouvelle génération de leaders des Premières Nations. Diplômé en droit, il a été élu en 2014 et réélu en 2018 grand chef de la Nation atikamekw. Son entrée au pouvoir à titre de grand chef a été marquée par la déclaration unilatérale de souveraineté de la Nation atikamekw sur son territoire ancestral, le Nitaskinan. Notons que la longueur et le piétinement des négociations avec les gouvernements du Québec et du Canada en vue d’en arriver à conclure un traité avec les Atikamekw n’est pas étrangère à cette prise de position. Désormais cette Première nation exige son consentement pour tout projet de développement, d’usage et d’exploitation des ressources sur son territoire.

Credit photo: Jean-Louis Régis

L’ex-chef de la communauté de Mashteuiatsh, Gilbert Dominique, photographié à Uashat (Sept-Îles), en 2008.

Credit photo: Pierre Lepage

Mentionnons que les nations innue et atikamekw poursuivent des négociations depuis près de 40 ans dans l’espoir de conclure un traité avec les gouvernements du Canada et du Québec. Abondant dans le même sens lors de cette journée d’étude, l’ancienne grand chef du Conseil de la Nation atikamekw, Eva Ottawa, affirmait croire au processus de négociation avec les gouvernements dans lequel sa nation s’est engagée. « On veut trouver un cadre de cohabitation » a-t-elle répété. Mais la démarche n’est pas de tout repos et elle a tenu à préciser devant son auditoire que la meilleure voie est celle de l’offensive, celle de l’action. « Et nous avons agi » a-t-elle ajouté. Elle a donné à cet égard l’exemple de la mise sur pied du Système d’intervention d’autorité atikamekw, un bel exemple de gouvernance en matière de protection de la jeunesse, un exemple d’autonomie et de services adap­tés à la culture et à la réalité des Atikamekw. (idem) Soulignons qu’en janvier 2018, le travail accompli par la Nation atikamekw en ce domaine a été récompensé puisqu’une entente régissant la protection de la jeunesse est survenue entre le Conseil de la Nation atikamekw (CNA) et le Gouvernement du Québec. (Québec, Santé et Services sociaux, 2018)

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