L’éducation des adultes et la formation professionnelle

Des résultats encourageants

Certes, on peut le rappeler, le taux de décrochage scolaire au secondaire est particulièrement élevé chez les jeunes des Premières Nations et chez les Inuits. Toutefois, le retour aux études sur une plus longue période est aussi une réalité particulièrement encourageante dont il faut tenir compte dans l’évaluation de la situation. Les jeunes des communautés des Premières Nations et des communautés inuites empruntent très souvent un cheminement scolaire beaucoup plus long que la moyenne des étudiants québécois. Les grossesses précoces en particulier et les charges familiales qui en découlent constituent des obstacles importants à la poursuite des études.

Une ère de renouveau est apparue en 2009 avec l’ouverture, à Mashteuiatsh au Lac-Saint-Jean, du premier centre de formation pour autochtones dans les métiers de la construction. Il est le résultat d’une action concertée de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, de la Commission de la construction du Québec ainsi que de partenaires de l’industrie et des syndicats. Il était vu comme un outil essentiel d’intégration au marché du travail pour les communautés autochtones du Québec. Les discussions amorcées en 2008 au sujet du programme de développement économique des régions nordiques, qui deviendra plus tard le Plan Nord, ont certainement contribué à cette ouverture.

Le Centre régional d’éducation des adultes (CRÉA) Kitci Amik, de Lac Simon.

Credit photo: Pierre Lepage

Durant les années qui ont suivi, le Centre de formation professionnelle pour autochtones dans les métiers de la construction, rattaché administrativement à la Commission scolaire de Montréal, a pris le relais et formé d’importantes cohortes de personnes issues des communautés autochtones : groupe de machinerie lourde à Sept-Îles, groupes de charpenterie-menuiserie à Manawan et à Hauterive, groupe de machinerie de chantier à Vaudreuil, groupe de montage de lignes électriques à Saint-Henri-de-Lévis et plusieurs autres. Ces formations intensives, sur mesure, qui tenaient compte des besoins particuliers de la clientèle autochtone, ont permis d’atteindre des résultats plus qu’encourageants, un taux d’abandon faible et un taux de diplomation de près de 80 %. Faute de financement, le centre a dû fermer ses portes en 2014.

Mai 2018, première cohorte autochtone en forage au diamant inscrite au Centre de formation pro­fessionnelle (CFP) de Val-d’Or. La formation de cette cohorte résulte d’une collaboration entre le CFP Val-d’Or, le Centre régional d’éducation des adultes Kitci Amik de Lac Simon, Forage Orbit Garand et Eldorado Gold Lamaque.

Credit photo: Centre de formation professionnelle (CFP) Val-d’Or

Au sein de la Commission de développement des ressources humaines des Premières Nations du Québec (CDRHPNQ), on confirme que beaucoup d’efforts ont été mis pour former rapidement des gens dans des secteurs d’activités ciblés afin de combler les besoins en main-d’œuvre du secteur privé. Selon Ralph Cleary et Dave Sergerie, respectivement directeur général et conseiller stratégique de l’organisation (entrevue personnelle), si cette approche est tout à fait valable et donne des résultats mesurables à court terme, elle ne doit pas être une panacée. Ils insistent sur le fait qu’une grande partie de la clientèle autochtone qu’ils desservent est très éloignée du marché du travail. En matière de main d’œuvre, il faut donc tenir compte avant tout des besoins des communautés. La Commission de développement des ressources humaines privilégie ainsi une approche en préemployabilité : « La plus grande partie de notre clientèle a besoin d’être mise en mouvement, de faire les premiers pas et d’être raccrochée, de recevoir un accompagnement et une assistance tout le long de leur parcours. » C’est ainsi que les gens peuvent être dirigés vers l’éducation des adultes afin d’acquérir les prérequis nécessaires pour éventuellement aller vers une formation professionnelle ou une certification nécessaire à leur travail.

On retrouve en particulier, au Centre de formation professionnelle (CFP) de Waswanipi, de nombreuses femmes inscrites dans des métiers non traditionnels.

Credit photo: Sabtuan Regional Vocational Training Centre de Waswanipi

Credit photo: Sabtuan Regional Vocational Training Centre de Waswanipi

Aujourd’hui, l’éducation des adultes et la formation professionnelle demeurent les voies privilégiées, autant pour les personnes vivant en milieu autochtone que pour celles vivant hors communautés. En ce qui concerne les Premières Nations, quatre centres régionaux d’éducation des adultes ont vu le jour : à Kahnawake, à Lac-Simon, à Listuguj et à Uashat mak Mani-utenam. Au sein de la nation crie, un centre de formation professionnelle (CFP) a ouvert ses portes à Waswanipi en 2005 et les gouvernements du Québec et du Canada ont annoncé, en 2016, un investissement pour un nouveau CFP à Mistissini. Du côté du Nunavik, la Commission scolaire Kativik comp­te, en 2018, un centre d’éducation des adultes dans cinq communautés et un programme précollégial dans un centre d’éducation spécialisé situé à Kangiqsujuaq. Les Inuits ont également accès à deux centres de formation professionnelle, l’un à Inukjuak du côté de la Baie-James et l’autre à Kuujjuaq, du côté de la Baie d’Ungava.

Credit photo: Sabtuan Regional Vocational Training Centre de Waswanipi

Le Dr Stanley Vollant, une grande source d’inspiration pour les jeunes

Originaire de la communauté innue de Pessamit sur la Côte-Nord, le Dr Stanley Vollant est le premier chirurgien autochtone du Québec. En milieu autochtone, il est devenu une véritable vedette au cours des dernières années. Particulièrement touché par la détresse au sein de plusieurs communautés et par les nombreux suicides chez les jeunes, le docteur Vollant s’est donné comme défi de parcourir 6 000 kilomètres à travers les territoires des Premières Nations pour motiver les jeunes à ne pas quitter l’école, à poursuivre leurs rêves et à adopter de saines habitudes de vie. Il raconte que c’est au cours d’un pèlerinage sur le chemin de Compostelle en 2008 qu’il a eu un rêve, une vision, dit-il, où son grand-père lui conseillait de poursuivre sa route au Québec.

Je me suis vu marcher d’une communauté autochtone à l’autre, formant une grande chaîne humaine entre le Labrador, le Québec et l’Ontario. Il y avait dans cette mar­che des membres des Premières Nations, mais aussi des Québécois et des gens de diverses origines, formant une grande famille.

Sauvé, 2013 : 5

Personnalité très engagée, le Dr Stantey Vollant est aussi porte-parole de l’événement KWE! À la rencontre des peuples autochtones tenu à Québec, Place de l’Assemblée Nationale, à la fin août 2018. L’événement KWE! vise à faire découvrir au grand public les 10 Premières Nations et les Inuits au Québec.

Credit photo: Pierre Lepage

Groupe de marcheurs accompagnant le Dr Stanley Vollant lors de leur passage à Wendake.

Credit photo: Jean-Louis Régis

Afin de ne pas interrompre ses activités professionnelles, le Dr Vollant a entrepris son long périple par étapes. Lors de son passage dans les communautés autochtones il ne manquait pas de visiter les écoles et divers lieux de rassemblement pour rencontrer les jeunes et les inviter à persévérer et à croire en leurs rêves. Le parcours qu’il a réalisé en février et mars 2015 est particulièrement remarquable. Accompagné d’une vingtaine de marcheurs (Naskapis, Innus et Inuits), le Dr Vollant a complété un trajet impressionnant de plus de 470 kilo­mètres, de Matimekush (Schefferville) à Kuujjuaq au Nunavik. Aujourd’hui, le docteur Vollant poursuit son action à travers son organisme le Chemin des mille rêves (Puamun Meshkenu).

En 2015, des marcheurs Innus, Naskapis et Inuits ont accompagné le Dr Stanley Vollant en plein février-mars dans un périple impression­nant de plus de 470 kilomètres entre Schefferville et Kuujjuaq.

Credit photo: Gracieuseté du Dr Stanley Vollant, Innu Meshkenu

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