Les grands défis de la jeunesse autochtone

Comme nous en avons fait mention dans Des préjugés à dépasser, la population autochtone est très jeune, beaucoup plus jeune que la population québécoise dans son ensemble. Il y a là un atout certes, mais en même temps un énorme défi en matière d’éducation, particulièrement dans plusieurs communautés où à certaines périodes, jusqu’à 80 % des jeunes décrochaient avant la fin de leurs études secondaires.

Or la question de la persévérance scolaire n’est pas uniquement une réalité préoccupante dans le réseau des écoles autochtones. Constatant que la performance des élèves autochtones qui fréquentaient les écoles des commissions scolaires non autochtones était également faible et que peu d’entre eux obtenaient leur diplôme de 5e secondaire, le Ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport a proposé une série de mesures visant la réussite éducative de cette clientèle présentant des besoins particuliers : soutien et accompagnement pour des élèves afin d’assurer leur intégration harmonieuse, mesures pour lutter contre les préjugés et la discrimination, sensibilisation du personnel scolaire à la réalité autochtone, démarches visant à mieux outiller les enseignants quant au type d’intervention à mettre en œuvre pour répondre aux besoins spécifiques de cette clientèle, etc. (Québec, MELS, 2010)

Que ce soit au sein des communautés ou en milieu urbain la mobilisation est palpable afin de relever les grands défis de l’éducation, de la persévérance scolaire et de l’emploi chez les jeunes autochtones.

Brooke Iahowirakeh’te Stacey de Kahnawake, étudiante à l’Académie de Hockey de l’Ontario, lors de sa participation en 2014 à Budapest, en Hongrie, au Ice Hockey U18 Women’s World Championship. Son équipe favorite : les Canadiens de Montréal.

Credit photo: Courtoisie, famille Stacey

En janvier 2016, dans la division Bantam, Classe A, l’équipe le Nordik du Nunavik remportait les honneurs d’un tournoi de hockey mineur à Saint-Raymond de Portneuf. Les joueurs sont accompagnés ici de leur entraîneur, l’ex-hockeyeur Joé Juneau, qui a joué pendant plusieurs années dans la Ligue nationale de hockey notamment pour les Canadiens de Montréal. Pendant 11 ans, Joé Juneau a consacré ses efforts au développement des jeunes du Nunavik par le hockey en instituant un programme de sport étude dont l’objectif était d’encourager la persévérance scolaire et les saines habitudes de vie.

Credit photo: Gino Carrier

Une initiative exemplaire de la Polyvalente Le Carrefour de Val-d’Or

Depuis l’automne 2011, la Polyvalente Le Carrefour de Val-d’Or offre aux jeunes du secondaire un cours optionnel sur la culture et les réalités autochtones. Ce cours a été initié par Marie-Pierre Nolet, aujourd’hui directrice adjointe (4e et 5e secondaire) de cette polyvalente qui compte une clientèle importante et croissante d’élèves autochtones. Son Certificat en études autochtones, obtenu auparavant à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue, l’a grandement inspirée. (entrevue personnelle) Le cours qu’elle a bâti et dont elle a assuré l’enseignement durant quelques années, aborde tout autant la réalité historique des peuples autochtones que la réalité contemporaine. L’objectif est d’amener les jeunes à une plus grande ouverture et à développer leur jugement critique, à une époque où les préjugés à l’égard des Premiers Peuples tiennent lieu et place d’une information réelle.

Photo prise dans le cadre du Cours sur la culture et les réalités autochtones à la Polyvalente Le Carrefour de Val-d’Or. Des étudiantes se font photographier en compagnie d’un invité de marque, T8aminik (Dominique) Rankin, chef héréditaire de la nation algonquine et homme-médecine.

Credit photo: Polyvalente Le Carrefour, Val-d’Or

Photo prise dans le cadre du Cours sur la culture et les réalités autochtones à la Polyvalente Le Carrefour de Val-d’Or.

Credit photo: Polyvalente Le Carrefour, Val-d’Or

Le Wapikoni mobile ou une jeunesse autochtone qui ne demandait qu’à s’exprimer

Depuis 2004, un studio ambulant, qui remporte un grand succès au sein des communautés autochtones, offre aux jeunes des ateliers leur permettant la maîtrise d’outils numériques pour la réalisation de courts-métrages et d’œuvres musicales.

L’idée de créer un studio mobile est venue de la réalisatrice Manon Barbeau particulièrement touchée au début des années 2000 par les nombreux suicides au sein des communautés des Premières Nations et par la mort accidentelle d’une proche collaboratrice, une jeune Atikamekw de 20 ans, Wapikoni Awashish. C’est pour lui rendre hommage que Manon Barbeau a donné son nom au projet qui est devenu le Wapikoni mobile. Ce projet, elle l’a mis sur pied en collaboration avec le Conseil de la Nation atikamekw et le Conseil des jeunes des Premières Nations du Québec et du Labrador, avec le soutien de l’Assemblée des Premières Nations et la collaboration de l’Office national du film du Canada.

Photo prise lors de l’escale du Wapikoni Mobile dans la communauté algonquine de Timiskaming en 2014.

Credit photo: Mathieu Melançon

Odile Joannette, nouvelle directrice générale du Wapikoni Mobile.

Credit photo: Courtoisie du Wapikoni Mobile

Au cours de chacune des escales du Wapikoni mobile, des cinéastes accompagnateurs professionnels initient les jeunes autant à la scénarisation et la réalisation qu’aux aspects plus techniques d’une production audio­visuelle, manipulation d’une caméra, prise de son et montage. Et les résultats sont étonnants, autant par la qualité des productions vidéo que par l’originalité des courts-métrages produits. Maintenant partenaire officiel de l’UNESCO, la collection du Wapikoni comptant près de 1150 œuvres représente un riche patrimoine contemporain de l’expression identitaire autochtone. Notons qu’entre 2004 et 2018 les courts-métrages du Wapikoni ont reçu près de 170 prix et mentions dans de prestigieux festivals canadiens et internationaux. (www.wapikoni.ca) Voilà une façon de découvrir une riche vision de l’intérieur, portée par une jeunesse belle et talentueuse.

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