Comme nous en avons fait mention dans Des préjugés à dépasser, la population autochtone est très jeune, beaucoup plus jeune que la population québécoise dans son ensemble. Il y a là un atout certes, mais en même temps un énorme défi en matière d’éducation, particulièrement dans plusieurs communautés
Or la question de la persévérance scolaire n’est pas uniquement une réalité préoccupante dans le réseau des écoles autochtones
Au Québec, on reconnaît l’existence de 11 nations autochtones : Abénaquis (Waban-Aki), Algonquins (Anishnabeg), Atikamekw Nehirowisiwok, Cris (Eeyou), Hurons-Wendat, Inuit, Malécites (Wolastoqiyik), Mi’gmaq (Micmacs), Mohawks (Kanien’kehá:ka), Innus (Montagnais) et Naskapis. Dans tout le Canada, on parle de près d’une soixantaine de nations autochtones.
Que ce soit au sein des communautés ou en milieu urbain la mobilisation est palpable afin de relever les grands défis de l’éducation, de la persévérance scolaire et de l’emploi chez les jeunes autochtones.
Une initiative exemplaire de la Polyvalente Le Carrefour de Val-d’Or
Depuis l’automne 2011, la Polyvalente Le Carrefour de Val-d’Or offre aux jeunes du secondaire un cours optionnel sur la culture et les réalités autochtones. Ce cours a été initié par Marie-Pierre Nolet, aujourd’hui directrice adjointe (4e et 5e secondaire) de cette polyvalente qui compte une clientèle importante et croissante d’élèves autochtones. Son Certificat en études autochtones, obtenu auparavant à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue, l’a grandement inspirée. (entrevue personnelle) Le cours qu’elle a bâti et dont elle a assuré l’enseignement durant quelques années, aborde tout autant la réalité historique des peuples autochtones que la réalité contemporaine. L’objectif est d’amener les jeunes à une plus grande ouverture et à développer leur jugement critique, à une époque où les préjugés à l’égard des Premiers Peuples tiennent lieu et place d’une information réelle.
Le Wapikoni mobile ou une jeunesse autochtone qui ne demandait qu’à s’exprimer
Depuis 2004, un studio ambulant, qui remporte un grand succès au sein des communautés autochtones, offre aux jeunes des ateliers leur permettant la maîtrise d’outils numériques pour la réalisation de courts-métrages et d’œuvres musicales.
L’idée de créer un studio mobile est venue de la réalisatrice Manon Barbeau particulièrement touchée au début des années 2000 par les nombreux suicides au sein des communautés des Premières Nations
Ainsi une personne dira : Je suis de la Première nation naskapie de Kawawachikamach, ou je suis de la Première nation Atikamekw de Manawan ou Première nation Mohawk d’Akwesasne etc. marquant ainsi à la fois sa nation d’appartenance et son lieu d’origine ou de résidence.
Au cours de chacune des escales du Wapikoni mobile, des cinéastes accompagnateurs professionnels initient les jeunes autant à la scénarisation et la réalisation qu’aux aspects plus techniques d’une production audiovisuelle, manipulation d’une caméra, prise de son et montage. Et les résultats sont étonnants, autant par la qualité des productions vidéo que par l’originalité des courts-métrages produits. Maintenant partenaire officiel de l’UNESCO, la collection du Wapikoni comptant près de 1150 œuvres représente un riche patrimoine contemporain de l’expression identitaire autochtone. Notons qu’entre 2004 et 2018 les courts-métrages du Wapikoni ont reçu près de 170 prix et mentions dans de prestigieux festivals canadiens et internationaux. (www.wapikoni.ca) Voilà une façon de découvrir une riche vision de l’intérieur, portée par une jeunesse belle et talentueuse.