L’impulsion du mouvement Idle No More

Le mouvement Idle No More est né dans l’ouest du Canada à l’automne 2012 alors que quatre femmes autochtones (Nina Wilson, Sheelah Mclean, Sylvia McAdam et Jessica Gordon) ont exprimé publiquement leur colère à la suite du dépôt, par le gouvernement du Canada, du projet de Loi C-45 une loi omnibus qui allait modifier un éventail de lois. Parmi celles-ci, la Loi sur les Indiens et la Loi sur la protection des eaux navigables dont les changements auraient des incidences directes sur la vie des communautés autochtones sans qu’elles aient voix au chapitre. Ces femmes ont alors organisé des marches de protestation et des rassemblements. Ce fut le début d’une mobilisation dans les grandes villes canadiennes. En décembre 2012, Theresa Spence, cheffe de la communauté ontarienne d’Attawapiskat, amorçait une grève de la faim pour dénoncer une grave crise du logement dans sa communauté. Son action spectaculaire a nourri le mouvement de protestation à travers le pays et a contribué à attirer l’attention des médias sur les conditions de vie au sein des communautés autochtones.

Widia Larivière et Mélissa Mollen-Dupuis ont cofondé en 2012 la branche québécoise du mouvement Idle No More.

Credit photo: Gracieuseté de la Commission géologique du Canada

C’est également à cette période que Widia Larivière et Mélissa Mollen-Dupuis ont répondu à l’appel de mobilisation et cofondé la branche québécoise du mouvement Idle No More. Widia Larivière voit aujourd’hui la protestation du début entourant les projets de loi comme « la goutte qui a fait déborder le vase, un ras de bol collectif de la colonisation. » Selon elle, cela a permis d’aborder d’autres enjeux, l’expression de revendications, un appel au changement et particulièrement l’expression du droit de dire non à des projets. En somme, « les projets de loi ont été le déclencheur de quelque chose et permis à un grand nombre d’autochtones de s’exprimer sur différents sujets. » (entrevue personnelle)

Manifestation à Montréal organisée par le mouvement Idle no More.

Credit photo: ici.radio-canada.ca

Mélissa Mollen-Dupuis abonde dans le même sens et explique pourquoi le mouvement a pris une ampleur inattendue au Québec. Elle a constaté qu’en milieu urbain où elle vit depuis plusieurs années, il n’y avait pas de canaux politiques à l’exemple des conseils de bande présents dans chacune des communautés.

La mise sur pied du mouvement a permis de combler cette lacune. La nouvelle organisation composée uniquement de bénévoles a dû compter sur l’engagement et le dynamisme de ses membres tout en favorisant un membership ouvert. Comme dans le cas de l’organisme Femmes autochtones du Québec, le mouvement croit à l’importance de la création d’alliances avec des organisations non autochtones.

Journée d’étude, Justice et foi, 2014

Avec le recul, Widia Larivière constate qu’en plus de valoriser la voix autochtone, le mouvement a eu un impact considérable chez les jeunes. « Ça a ravivé une certaine fierté identitaire et on a pu constater que beaucoup de jeunes ont décidé par la suite de s’engager socialement et politiquement… En plus, avec la forte présence de femmes dans le mouvement, j’ai vu l’émergence d’un nouveau féminisme autochtone militant. » (idem)

Les jeunes de Mistissini ont maintenant leur piste de BMX avec une surface de roulement entièrement asphaltée, rien de moins! Il y avait une réelle volonté de faire bouger les jeunes. Le projet a été initié par le Conseil des jeunes et le Conseil de la Nation Crie de Mistissini.

Credit photo: Pierre Lepage

This site is registered on wpml.org as a development site. Switch to a production site key to remove this banner.