La crise d’Oka a laissé des blessures profondes au sein de la société québécoise tout comme au sein des communautés
Au Québec, on reconnaît l’existence de 11 nations autochtones : Abénaquis (Waban-Aki), Algonquins (Anishnabeg), Atikamekw Nehirowisiwok, Cris (Eeyou), Hurons-Wendat, Inuit, Malécites (Wolastoqiyik), Mi’gmaq (Micmacs), Mohawks (Kanien’kehá:ka), Innus (Montagnais) et Naskapis. Dans tout le Canada, on parle de près d’une soixantaine de nations autochtones.
Le blocage du Pont Honoré-Mercier a duré 56 jours, perturbant la circulation de milliers d’automobilistes. Alors que les nombreuses tentatives de négociations en vue d’un règlement pacifique du conflit n’aboutissaient à aucun résultat, le Québec a été témoin de manifestations quotidiennes de citoyens en colère et de débordements, en particulier dans des émissions radiophoniques de lignes ouvertes.
Les divisions au sein même de la nation
Il est vrai qu’à la table des négociations, on a perdu de vue la question du développement du golf et que certains mettaient l’emphase sur la souveraineté… Je comprends que les nôtres voulaient tirer profit de cette visibilité quotidienne et faire la promotion de la souveraineté; il s’agissait aussi de donner un sens politique à nos actions.
Pourtant au lendemain du déclenchement de la crise, au début de juillet 1990, une majorité de Québécois manifestaient une certaine sympathie à la cause des Mohawks. Au fil du temps, l’échec des négociations a de toute évidence contribué à exacerber les tensions entre Autochtones et non-Autochtones. En outre, la crise a donné lieu à des actes de violence et à des événements dramatiques inacceptables. Le 28 août 1990, des voitures transportant des femmes, des enfants et des personnes âgées qui cherchaient à quitter Kahnawake ont été lapidées par des manifestants non-Autochtones en colère. Plusieurs personnes ont été blessées et, ce qui est peu connu, un résident de Kahnawake âgé de 71 ans, monsieur Joseph Armstrong, qui a reçu une pierre à la poitrine, est décédé le jour suivant d’un infarctus, (St-Amand, 2015 : 63) une deuxième perte de vie découlant de cette crise historique. En somme les victimes de la Crise d’Oka ont été multiples et les coûts humains inestimables. Mais plus que tout, la crise d’Oka aura constitué un terreau fertile au développement d’une perception populaire négative envers les peuples autochtones basée sur la méconnaissance des enjeux même du conflit et de la situation de ces peuples en général.
Avant la crise de l’été 1990, la question autochtone ne suscitait que peu, voire aucun intérêt dans le grand public. Malgré l’enflure médiatique qui l’a accompagnée, cette période difficile aura certainement sonné l’éveil du Québec à l’égard des Premiers Peuples partageant le territoire. Cette crise aura suscité de nombreuses prises de conscience au sein de la population tout comme au sein des élites politiques. N’oublions pas que c’est dans la foulée de la Crise d’Oka que le gouvernement fédéral a mis sur pied la Commission royale sur les peuples autochtones. La crise a aussi engendré de multiples initiatives de rapprochement entre la société québécoise et les Premières Nations
Ainsi une personne dira : Je suis de la Première nation naskapie de Kawawachikamach, ou je suis de la Première nation Atikamekw de Manawan ou Première nation Mohawk d’Akwesasne etc. marquant ainsi à la fois sa nation d’appartenance et son lieu d’origine ou de résidence.